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L’organisation internationale pour les migrations (OIM) vient de publier son rapport annuel sur l’état de la migration dans le monde. Il témoigne des transformations significatives dans les tendances mondiales, marquées par un nombre sans précédent de personnes déplacées et une hausse notable des transferts d’argent internationaux.
Le Maroc, carrefour entre l’Afrique et l’Europe, est au cœur des flux migratoires mondiaux. Sa situation géographique stratégique en fait à la fois un pays d’émigration, de transit et d’immigration. D’après l’OIM, en 2020, le Maroc était classé 18ème parmi les 20 pays les plus émetteurs de migrants au monde, avec officiellement 3,25 millions d’émigrés. Cela représentait 8,1 % de sa population totale. Malgré les efforts des autorités marocaines pour réguler ces flux migratoires, la migration irrégulière reste une réalité préoccupante.
Effectivement, les migrants s’exposent à des risques majeurs, y compris les violations des droits humains, tels que les violences, la torture et le travail forcé, documentés notamment en Libye. Rien qu’entre 2014 et 2022, plus de 20 000 migrants ont perdu la vie ou ont été portés disparus le long de la route de la Méditerranée occidentale et centrale.
Malgré les drames et les défis de taille, l’émigration est aussi une chance pour les familles fuyant des conditions économiques difficiles. Le Maroc en bénéfie fortement, se distinguant ainsi comme l’un des principaux bénéficiaires des envois de fonds internationaux. En 2022, les transferts de devises ont dépassé les 11 milliards de dollars américains, représentant près de 8% du produit intérieur brut (PIB) du pays.
Ces fonds provenant de la diaspora marocaine contribuent au soutien des ménages et constituent un matelas de devises vitale pour le pays. Ils ont été précieux pour amortir la diminution des revenus du tourisme due à la pandémie de COVID-19. Le Maroc a également bénéficié de l’apport de travailleurs migrants dans divers secteurs économiques, notamment l’agriculture, la construction et les services.
Dimensions et évolutions nationales
À l’échelle continentale, la migration en Afrique connaît une croissance significative, avec un nombre accru de migrants internationaux, se déplaçant à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Ce phénomène complexe est le résultat d’une multitude de facteurs socio-économiques, politiques et environnementaux.
Les chiffres de l’OIM indiquent qu’en 2020, environ 21 millions d’Africains vivaient dans un autre pays africain, soit une augmentation notable de 3 millions d’expatriés par rapport à 2015. Ces déplacements internes en Afrique, caractéristique majeure de la région, sont souvent provoqués par des conflits armées. Les données de l’OIM révèlent qu’ils sont particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne. En 2022, la République démocratique du Congo a enregistré plus de 4 millions de déplacés internes tandis que l’Éthiopie comptabilisait plus de 2 millions de déplacés internes, en raison des conflits en cours.
D’autres facteurs, notamment climatiques, ont également contraints des millions d’Africains à quitter leur pays. «Les déplacements les plus importants dus à des catastrophes ont été enregistrés au Nigeria (environ 2,4 millions), suivi de la Somalie (1,2 million), de l’Éthiopie (873 000) et du Soudan du Sud (596 000)», rapporte l’organisation onusienne. Le Maroc n’est pas épargné par ce phénomène. Les importants feux de forêts, à la fin de l’année 2022 ont entraîné «9500 déplacements dans certaines zones du nord du Maroc», note l’OIM.
Les migrations internationales
La situation sur le continent africain reflète un changement fondamental dans la dynamique de la population mondiale. Selon les estimations de mi-2020, fournies par l’ONU DESA, le nombre total de migrants internationaux a atteint près de 281 millions de personnes, soit une augmentation significative par rapport aux chiffres de 1990 (153 millions) et de 1970 (84 millions).
A l’inverse, le nombre d’immigrés internationaux sur le continent est resté faible. De 2015 à 2020, il est resté pratiquement inchangé, avec environ 2 millions de migrants d’origine non-africaine vivant en Afrique, principalement originaires d’Asie et d’Europe.
Parmi les pays qui ont connu des mouvements migratoires substantiels au cours des dernières décennies, le Mexique et les États-Unis se démarquent par le plus grand corridor migratoire au monde, avec près de 11 millions de personnes. Ce phénomène est suivi de près par le flux de migrants de la République arabe syrienne vers la Turquie, principalement alimenté par les réfugiés fuyant le conflit civil en Syrie.
Les migrations internationales présentent également de faibles disparités selon le genre. En 2020, les hommes représentaient 51,9% de la population migrante, 48,1% pour les femmes. Toutefois, cette répartition s’est largement déséquilibrée au fil des années, avec une diminution de la proportion de femmes migrantes depuis 2000. À noter que les tendances varient selon les régions : les pays d’Europe et d’Amérique du Nord attirent plus de femmes migrantes, tandis que les pays asiatiques du Conseil de coopération des pays du Golfe et d’autres régions affichent une prédominance masculine due à des facteurs économiques et sociaux spécifiques.
Enfin, concernant l’impact économique des migrations internationales, les données de l’OIT indiquent que près de 61% des travailleurs migrants internationaux résident dans trois sous-régions : l’Amérique du Nord, les États arabes, et l’Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest.
Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/149489/rapport-2024-l-oim-maroc-pays.html