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La mobilisation pour la prévention contre le coronavirus au bénéfice des migrants a commencé avant l’annonce officielle de la pandémie au Maroc. Les ONG appellent à une meilleure prise en compte de la situation d’urgence dans laquelle se trouve de nombreux migrants.
La crise sanitaire due au nouveau coronavirus a chamboulé l’activité des ONG qui œuvrent en soutien aux migrants au Maroc. «Dès l’annonce de la pandémie du coronavirus par l’OMS, nous avons suspendu toutes les activités de notre centre, afin d’éviter les rassemblements qui augmenteraient les risques de contamination», déclare à Yabiladi Nadia Tari, directrice générale du Centre Orient-Occident et secrétaire générale de la Fondation Orient-Occident (FOO). Sur le terrain ou via les réseaux sociaux, la continuité de l’aide aux migrants par l’ONG est garantie grâce à un accompagnement en équipes réduites.
Dans ce sens, «une cellule de permanence a été lancée, constituée d’assistants sociaux, éducatifs et de psychologues», qui font à tour de rôle le suivi auprès des bénéficiaires.
Distribution de bons alimentaires dans la ville de Tanger, en faveur des bénéficiaires du projet "Hijra wa Himaya", en…
Publiée par Fondation Orient Occident sur Vendredi 3 avril 2020
Un accompagnement social et éducatif
«Les assistants sociaux se rendent aux domiciles, pour sensibiliser et distribuer des kits d’hygiène, constitués d’antiseptiques, de gels hydroalcooliques et de masques», nous décrit Nadia Tari. «Nous nous sommes réunis aussi avec nos 14 agents communautaires actifs sur tout le pays, afin de les sensibiliser pour faire le suivi, rester continuellement à l’écoute des bénéficiaires pour intervenir à tout moment en cas d’urgence», ajoute l’associative.
En plus du soutien moral et social, ces interventions consistent en la distribution de paniers alimentaires, «prioritairement pour les mineurs isolés, des demandeurs d’asile, des femmes seules en charge d’enfants et des personnes souffrant de maladies chroniques». Entre Casablanca et Rabat uniquement, Nadia Tari estime que le nombre de paniers distribués en une journée atteint parfois les 200.
Ces initiatives visent elles aussi les personnes qui viennent régulièrement au centre, «notamment pour des séances d’écoute». Ces dernières permettent à la FOO de rester «informée sur leur situation et connaît leurs besoins particuliers, pour les accompagner dans une démarche d’urgence consistant à les éloigner de tous les risques d’infection, car ces gens sont déjà vulnérables».
Le volet éducatif n’est pas en reste. En effet, les assistants-éducateurs veillent à «accompagner les parents et les enfants de migrants dans le bon déroulement des cours à distance, et gérer toute sorte de difficultés si elle se présente». Afin de faire participer toute personne pouvant aider, un groupe constitué d’étudiants a vu le jour.
«Chacun parraine une dizaine d’enfants, afin de suivre les cours, fournir un soutien si nécessaire en français, en arabe ou en mathématiques, mais aussi pour faciliter l’accès aux interfaces d’apprentissage. L’essentiel en cette période de pandémie, c’est que ces enfants ne se sentent pas abandonnés.» Nadia Tari
Si la Fondation Orient-Occident a pensé à des mesures d’anticipation, c’est qu’elle a surtout capitalisé sur une expérience lui ayant permis de s’outiller face aux situations d’alerte sanitaire. Directeur de la Stratégie de la FOO et responsable de ses centres, Rachid Badouli explique à Yabiladi avoir géré, par le passé, deux cas d’infection de tuberculose au sein de la structure.
«Dans le contexte du covid-19, cela nous a permis d’avoir déjà connaissance des mesures à prendre en cas de maladies infectieuses hautement contagieuses. Ceci nous a permis aussi de prendre les initiatives adéquates, sans attendre que l’un de nos salariés, bénévoles ou bénéficiaires soient atteints pour déclencher le mécanisme de protection nécessaire.» Rachid Badouli
Une situation d’urgence pour de nombreux migrants
La Plateforme des associations et communautés subsahariennes au Maroc (ASCOMS), quant à elle, attire l’attention des autorités quant aux effets des mesures de confinement sur ces ressortissants. Samedi, un communiqué de la Plateforme a évoqué «les difficultés d’accès à certaines initiatives telles que les attestations d’autorisation de sortie pour une grande majorité des personnes migrantes en situation administrative irrégulière et sans domicile fixe».
Le collectif associatif souligne aussi «la non intégration de cette population particulièrement vulnérable parmi les catégories sociales, qui devront bénéficier des mesures de prise en charge sociale comme c’est le cas des salariés déclarés et non déclarés à la CNSS, et les personnes exerçant dans le secteur informel, qui sont durement impactés par cette crise».
Ainsi, la Plateforme dit joindre sa voix à celle de la société civile marocaine, pour «interpeler les autorités et le gouvernement» sur «la nécessité de mettre en place le plus rapidement possible des mesures d’accompagnement et d’assistance humanitaire en faveur des personnes migrantes, demandeuses d’asile et réfugiées, afin d’éviter à ces populations une catastrophe humanitaire dans les jours et semaines à venir». «Les mesures de solidarité face à cette situation exceptionnelle de lutte contre le COVID-19 doivent nécessairement impliquer toutes les couches sociales de la population marocaine sans aucune distinction», estime le collectif.
Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/91810/coronavirus-maroc-solidarite-faveur-migrants.html