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Selon le quotidien espagnol El País, Madrid a renvoyé au Maroc des migrants qui avaient atteint les îles espagnoles situées au nord du royaume chérifien. Le Défenseur des droits estime que ces renvois sont « illégaux ».
L’Espagne a-t-elle organisé et camouflé des renvois expéditifs de migrants vers le Maroc ? C’est ce qu’affirme le quotidien espagnol El País dans une enquête publiée lundi 18 mai.
Selon le journal, 42 migrants, qui avaient débarqué le 3 janvier sur les îles Charafinas, au nord du Maroc, ont été transférés quelques heures plus tard sur un navire des garde-côtes marocains et renvoyés dans le royaume chérifien.
En théorie, ces personnes, se trouvant sur le sol espagnol, auraient dû être acheminées vers le port espagnol le plus proche, à savoir Melilla, l’enclave située au nord du Maroc, afin d’y exercer leur droit d’asile.
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La délégation gouvernementale de Melilla a qualifié cette opération de « sauvetage », effectué par les autorités marocaines, omettant de préciser que ces migrants se trouvaient déjà sur le territoire ibérique. Le ministère de l’Intérieur a, quant à lui, assuré que le rôle des militaires espagnols se limitait « à la coordination des secours », sans préciser que le groupe avait été livré aux Marocains par les Espagnols.
Mais des sources au sein de l’armée ont confirmé à El País que ces migrants ont été transférés sur un navire militaire marocain par des agents espagnols.
Impossibilité de déposer l’asile
Un autre refoulement du même type a également été observé début mars sur une île espagnole située au large de la ville marocaine El Hoceima. Selon l’association Caminando Fronteras, 12 personnes arrivées sur l’île le 10 mars ont été renvoyées manu militari au Maroc.
Une version démentie par les autorités qui déclarent que son armée n’est pas entrée en contact avec ce groupe de migrants. « Les militaires espagnols ont vu comment les Marocains avaient parlé aux migrants et comment ils sont montés sur le bateau », insiste un porte-parole de la Défense.
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Mais ces affirmations sont contredites par les témoignages des migrants. « Les messages écrits (que nous avons reçu) nous ont dit que l’armée espagnole les avaient remis aux Marocains », raconte Helena Maleno de l’association Caminando Fronteras.
Dans ces deux groupes de migrants se trouvaient au moins 28 femmes, dont deux enceintes, et deux enfants âgés de trois et quatre ans. Comme le rappelle El País, les femmes et les enfants étant considérés comme des personnes vulnérables, ils ne peuvent être expulsés du territoire et une protection doit leur être garantie.
Aucun d’entre eux n’a cependant reçu d’assistance médicale, de conseil juridique ou n’a eu la possibilité de demander l’asile avant leur renvoi, écrit encore le média ibérique.
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Le Défenseur espagnol des droits estime que, dans ces conditions, « le retour rapide des migrants ne respecte pas la législation sur les étrangers et la Convention de Genève ».
Selon El País, Madrid a renvoyé ces migrants au Maroc dans le but de dissuader d’autres personnes d’emprunter cette route migratoire, qui était en plein essor depuis plusieurs semaines.