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C’est un scénario Kafkaïen qui se trame aujourd’hui au niveau du bras de mer séparant les villes de Sebta et de Fnideq. Ce passage maritime de quelques centaines de mètres est devenu le symbole de la situation ubuesque que vivent Marocains et Espagnols bloqués de part et d’autre de la frontière.
Historiquement, ce passage était la voie préférée des candidats à l’émigration clandestine voulant passer à Sebta et de là en Espagne. Avec la crise sanitaire et humaine enclenchée par la pandémie de coronavirus, leur flux a été stoppé net durant la phase de confinement avant de reprendre de plus belle.
Ces derniers jours ont été marqués par des rencontres d’un genre inédit sur ce bras de mer quand des migrants voulant accéder à la nage à Sebta se sont croisés en pleine mer avec des Marocains bloqués à Sebta depuis la fermeture des frontières. Comble de l’ironie, ce passage maritime tente aussi les Espagnols bloqués au Maroc. La semaine dernière, l’un d’entre eux a réussi à franchir ce passage et à retourner chez lui à Sebta après plus de cinq mois d’exil forcé.
En effet, le drame des «prisonniers» de Sebta continue. En mai, 260 d’entre eux avait pu rejoindre le Maroc, une quarantaine a été tout simplement «oubliée».
Parmi eux, un nombre important de binationaux qui depuis le début de la crise du coronavirus ont été considérés comme des apatrides. Ils attendent une solution qui selon toute vraisemblance n’arrivera qu’avec l’ouverture des frontières.
Leur situation est d’autant plus compliquée qu’ils doivent faire face aux autorités espagnoles de Sebta qui y voient une source de dépenses non justifiée.
Plusieurs d’entre eux, ayant perdu tout espoir, ont tenté de retourner à la nage et certains ont réussi.