Les données du ministère marocain de l’Intérieur concernant l’immigration illégale vers l’Espagne en 2021 ont été dévoilées, vendredi 6 mai, par l’agence de presse espagnole EFE. Selon ces chiffres, les autorités marocaines ont secouru l’an dernier 14 236 migrants en route vers l’Espagne – dans l’Atlantique vers les Canaries et en Méditerranée vers le continent. Au cours du premier trimestre de 2022, la marine royale a porté assistance à 97 personnes.
Les informations officielles font également état de 63 121 tentatives d’immigration déjouées dans le pays l’an dernier et de 14 746 pour les trois premiers mois de cette année.
Quant aux franchissements des clôtures des enclaves situées au nord du Maroc, Ceuta et Melilla, ils sont au nombre de 49 en 2021. Et de 12 de janvier à mars 2022, toutes enregistrées à Melilla.
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Les autorités marocaines affirment par ailleurs qu’elles ont procédé au démantèlement de 256 réseaux de trafic de migrants l’an passé, contre 52 au premier trimestre de cette année.
Reprise de la coopération entre le Maroc et l’Espagne sur l’immigration illégale
La question migratoire a été évoquée, vendredi 6 mai, à Rabat lors d’une réunion de groupe hispano-marocain avec le secrétaire d’État espagnol à la Sécurité, Rafael Pérez. La coopération bilatérale sur la gestion des flux migratoires y a été largement abordée.
« Face aux défis partagés induits par l’action des réseaux de trafic des migrants et l’environnement régional instable, les deux parties ont décidé de renforcer leurs mécanismes de coordination et d’échange d’informations », a affirmé un communiqué conjoint des deux pays.
Cette coopération se traduira par de nouvelles « modalités de travail commun » entre policiers, officiers de liaison et patrouilles mixtes, précise le communiqué. « En matière de lutte contre les réseaux criminels de trafic, le retour [des migrants] constitue également un instrument de dissuasion essentiel », est-il souligné dans le document.
Concernant le contrôle des flux migratoires, les deux parties ont dit accorder « une importance particulière aux possibilités accrues d’accompagnement financier en faveur du Maroc » dans le cadre financier pluriannuel de l’Union européenne (UE).
Allié « stratégique » dans la lutte contre l’immigration illégale
Ce séminaire est le premier à se tenir depuis 2019, en raison de la pandémie de coronavirus et la crise diplomatique entre Rabat et Madrid au sujet du Sahara occidental débutée en avril 2021.
En avril dernier, lors d’une visite du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez au royaume chérifien, les deux pays avaient annoncé la reprise de leur collaboration dans le contrôle de l’immigration. Cela doit notamment passer par une intensification des expulsions de Marocains en situation irrégulière depuis les Canaries vers Casablanca et Agadir grâce à de nouvelles liaisons aériennes.
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Partenaire commercial majeur de l’Espagne, le Maroc est considéré par les responsables espagnols comme un allié « stratégique » dans la lutte contre l’immigration clandestine.
Situé au nord-ouest de l’Afrique, le Maroc est un pays de transit pour de nombreux migrants qui cherchent à rejoindre l’Europe, depuis ses côtes atlantique ou méditerranéenne. Il est aussi un pays de départ pour les jeunes marocains qui aspirent à une vie meilleure dans des États européens.
En 2021, plus de 40 000 migrants, en grande partie en provenance du Maroc, ont débarqué par la mer en Espagne continentale ainsi que dans les archipels des Baléares et des Canaries, d’après des chiffres officiels espagnols. Environ 31% de ces arrivées étaient des ressortissants marocains, selon le Système européen de surveillance des frontières (Eurosur).