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Dans une interview ce 3 juillet au quotidien espagnol El Pais, le Premier ministre Pedro Sanchez estime que la question de la violation des Droits de l’Homme dans la tragédie de Melilla, qui a coûté la vie à au moins 23 migrants le 24 juin, doit être posée à Rabat.
Interrogé sur les images de la tragédie qu’il disait n’avoir pas vues lors de sa dernière intervention, le 29 juin, et sur le « respect des Droits de l’Homme dans pareille situation », Pedro Sanchez a affirmé que « c’est le gouvernement du Maroc qui devrait répondre à cette question ». Le Premier ministre a esquivé la question en répondant qu’il ne répondrait que sur une situation qui se passe en Espagne : « nous devons, nous, parler de ce que l’on fait en Espagne ».
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Pedro Sanchez immédiatement nuancé son propos en disant « reconnaître l’effort que fait le Maroc, qui souffre d’une pression migratoire, pour défendre des frontières qui ne sont pas les siennes mais celles de l’Espagne » et évoquant la « solidarité » dont doivent faire preuve selon lui l’Espagne et l’Europe vis-à-vis du Maroc.
Le 24 juin, au moins 23 migrants africains ont péri lors de la tentative d’environ 2.000 personnes d’entrer par la force dans Melilla, selon les autorités marocaines, soit le plus lourd jamais enregistré aux frontières entre le Maroc et les deux enclaves.
Des ONG recensent, elles, « au moins 37 » morts.
Des images diffusées plusieurs heures après les faits ont mis au jour des actes de brutalité, montrant des corps jonchant le sol, des policiers marocains assénant des coups sans ménagement et les forces de l’ordre espagnoles tirant des gaz lacrymogènes sur des hommes accrochés à des grillages, selon l’ONG Human Rights Watch (HRW).
Melilla est, avec la ville de Ceuta, une des deux enclaves espagnoles situées sur la côte nord du Maroc, les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.
Pour le Premier ministre, Melilla est « le dernier épisode d’une tragédie qui a commencé bien avant, à plusieurs kilomètres de là », parlant de nouveau d’une attaque violente, avec des hommes « armés », et d’un évènement orchestré par les « mafias », un argument que le gouvernement espagnol ne cesse de brandir depuis cette affaire.
Il a provoqué l’indignation internationale, avec notamment des propos d’une sévérité rare de la part de l’ONU, ainsi que l’ouverture de deux enquêtes en Espagne et une mission d’information au Maroc.
Ce nouveau drame migratoire aux portes de l’Union Européenne survient après que Madrid et Rabat ont normalisé à la mi-mars leurs relations à la suite d’une brouille diplomatique de près d’un an à propos de la question du territoire disputé du Sahara occidental.