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Du 24 juillet au 29 juillet 2013, des arrestations massives d’une extrême violence ont eu lieu dans plusieurs villes du Nord, notamment à Tétouan, El Hoceima, Nador, Taourirt et Ksar Lkbir.[2]
Le 24 juillet 2013, d’après les témoignages concordants recueillis par le GADEM et l’ALECMA, les policiers sont intervenus très nombreux dans le quartier de Boukhalef (Tanger). Les personnes ont été réveillées vers 4-5 heures du matin à leur domicile par les forces de l’ordre, qui sont entrées dans les habitations en cassant les portes. Ils n’ont demandé aucun document d’identité aux habitants, ne leur ont même pas laissé le temps de s’habiller. Les personnes arrêtées ont immédiatement été réparties dans plusieurs bus, après s’être fait confisquer, dans de nombreux cas, leurs effets personnels (argent, vêtements et même papiers administratifs).
D’après ces témoignages, aucune des personnes arrêtées n’est passée par un commissariat. Lors de cette rafle, des femmes, y compris enceintes ou avec des bébés de moins de 6 mois, des blessés, des mineurs, des réfugiés ou demandeurs d’asile, voire même des personnes avec passeport en règle, ont été arrêtées[3]. Au moins trois personnes ont été conduites d’urgence à l’hôpital après avoir subi des violences de la part des forces de l’ordre. L’une d’entre elles avait été poussée par un agent de police à travers la fenêtre du bus en marche où ils avaient été embarqués le 24 juillet au matin. Cet homme d’une quarantaine d’années, père de deux enfants, est décédé 5 jours plus tard à l’hôpital de Mohammed V de Tanger. Depuis ce 24 juillet 2013, les forces de l’ordre sont revenues quotidiennement dans ce quartier forçant ses habitants à se cacher dès 4 heures du matin pour ne pas se faire attraper.
Le 27 juillet 2013, d’après un témoignage recueilli par le GADEM, les agents des forces de l’ordre sont arrivés en nombre dans la forêt de Selouane près de Nador vers 6 heures du matin. Un jeune mineur aurait subi « une bastonnade inhumaine » lors de cette opération de ratissage.
Le 28 juillet 2013, d’après les informations obtenues par la section AMDH de Nador, au cours de nouvelles rafles dans la forêt de Selouane, 147 personnes ont été arrêtées et refoulées, les moyens de subsistance (tentes, couvertures, vêtements, nourriture ainsi que le nécessaire pour les nourrissons) détruits et les effets personnels volés. Plusieurs personnes auraient aussi été blessées au cours de l’arrestation, en tentant de fuir ou lors du transport vers Oujda. Une personne a rapporté au GADEM que 5 demandeurs d’asile avaient été aussi arrêtés, parmi eux, une femme avec un enfant de un mois et une autre femme séparée de son enfant de 6 mois. Ils ont été privés de liberté et maintenus au moins une nuit dans le Centre orphelinat Mohamed V de Berkane hors de tout cadre légal.
Le 5 juillet, lors d’un séminaire à Rabat, le délégué interministériel aux droits de l’Homme, Mahjoub El Hiba, affirmait que « le Maroc possède des traditions authentiques en matière d’accueil de migrants ». L’ALECMA, l’AMDH et le GADEM demandent que le Maroc respecte ces valeurs et ses engagements internationaux, que les violences à l’encontre des migrants stoppent et que les droits des victimes soient rétablis, notamment qu’une enquête soit ouverte sur les circonstances de la mort des migrants décédés suite aux interventions des forces de l’ordre : Papi décédé en février 2013, Clément en mars 2013 et Toussaint en juillet 2013.
[1] La campagne « Numéro 9 – Stop aux violences aux frontières contre les migrants au Maroc », dédiée à la mémoire de Clément décédé des suites de ses blessures, dénonce les violences à l’encontre des migrants perpétrées par les autorités marocaines et espagnoles dans les zones frontalières au Maroc et devenues pratiquement systématiques depuis la fin 2011. Elle appelle à l’ouverture d’une enquête officielle sur les circonstances de la mort de Clément et celles des autres migrants dans le Nord du Maroc. Pour en savoir plus sur la campagne et visionner le film « Numéro 9 » :http://saracreta.wix.com/into-the-forest
[2] Communiqué de l’AMDH du 25 juillet 2013
[3] La loi n°02-03 du 11 novembre 2003, « relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et à l’immigration irrégulière » interdit l’expulsion des personnes résidant légalement au Maroc, des femmes enceintes, et des mineurs (article 26 de alinéas 6 à 8).