Les départs d’exilés depuis le Maroc se poursuivent et continuent à générer des drames. « La mer a rejeté deux cadavres de candidats à l’immigration clandestine après le chavirement d’une embarcation », a indiqué, dimanche 27 mars, l’agence de presse marocaine MAP, sans autre précision.
Le week-end a également été marqué par l’interpellation, dans le sud du pays, de 236 migrants qui cherchaient à embarquer pour rejoindre l’archipel espagnol des Canaries.
Plusieurs opérations de police, menées vendredi 25 et samedi 26 mars dans les provinces de Tarfaya (sud) et Laâyoune, principale ville du Sahara occidental, ont permis de saisir trois embarcations pneumatiques, deux motogodilles et des bidons d’essence.
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Selon la MAP, les services de sécurité marocains « ont intensifié récemment les opérations de contrôle des tentatives d’immigration irrégulière dans la région ».
Une intensification qui coïncide avec le réchauffement diplomatique entre Rabat et Madrid, après près d’un an de brouille entre les deux pays autour de la question du Sahara occidental. L’Espagne a décidé de renoncer à sa neutralité sur ce dossier et le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a envoyé, le 18 mars dernier, un courrier au roi Mohammed VI dans lequel il s’aligne sur les thèses marocaines.
Le plan marocain « d’autonomie » du Sahara occidental est « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend », écrit le dirigeant espagnol, en saluant « les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable ». De quoi « envisager une feuille de route claire et ambitieuse afin d’inscrire durablement le partenariat bilatéral », a réagi le ministère marocain des affaires étrangères, dans un communiqué, rapporte le Monde.
Moyen de pression
Le Maroc, d’où partent la majeure partie des migrants vers l’Espagne, a été régulièrement accusé d’utiliser l’immigration illégale comme un moyen de pression sur Madrid.
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Notamment en mai 2021, lorsque des milliers de migrants sont parvenus à entrer dans l’enclave espagnole de Ceuta, profitant d’un relâchement des contrôles marocains aux frontières. Beaucoup d’observateurs avaient vu dans cet épisode un geste de Rabat, en représailles à l’admission, dans un hôpital espagnol, du chef du Front Polisario Brahim Ghali, alors malade du Covid-19.
Le changement de position de Madrid a également permis la reprise des renvois de migrants irréguliers présents sur son territoire vers le Maroc. Les vols de rapatriement des exilés marocains étaient suspendus depuis avril 2021, pour raison sanitaire. Les expulsions pourraient reprendre à un rythme similaire à ce qui était pratiqué dans le passé : quatre vols hebdomadaires assurés par la compagnie Royal Air Maroc, avec 20 exilés à bord. Soit 80 personnes rapatriées par semaine, au total.
Selon les derniers chiffres du ministère espagnol de l’Intérieur, plus de 40 000 migrants, en grande partie en provenance du Maroc, sont arrivés en 2021 par la mer dans le pays, ainsi que dans les archipels des Baléares et des Canaries.