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Le déconfinement n’a pas sonné la fin de la galère pour les migrants subsahariens installés au Nord du Maroc. Certaines associations ont certes repris leurs activités d’aides alimentaires, sanitaires et juridiques auprès de la population migrante, qui avaient été suspendues ou en tout cas limitées pendant le confinement, mais les principaux concernés se heurtent toujours à d’importantes difficultés sur le terrain.
A Nador, la majorité des migrants vivent en forêt, dans des campements faits de bâches en plastique, et tentent de survivre par leurs propres moyens, notamment par des transferts d’argent que leur font parvenir les familles restées dans le pays d’origine. Beaucoup de femmes et d’enfants survivent dans ces forêts, indique Omar Naji, vice-président de la section de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) à Nador, contacté par Médias24.
L’AMDH a pu reprendre ses activités et visite à nouveau les migrants dans les campements. D’après Omar Naji, aucun cas de Covid-19 n’a été recensé au sein de la population migrante à Nador. »Nous leur apportons seulement une assistance juridique, en cas d’arrestations, de refoulements, de violations de leurs droits… L’aide alimentaire et sanitaire ne relève pas de notre mission », souligne ce responsable associatif.
Même son de cloche auprès du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (Gadem): »Nous n’avons jamais interrompu nos activités de défense des droits des migrants et de soutien juridique, même pendant le confinement. Seul problème : les avocats avec lesquels nous travaillons ne pouvaient pas se déplacer d’une région à une autre. Aujourd’hui, avec le déconfinement, ils le peuvent », affirme l’association, jointe par Médias24.
A Nador, des migrants dans l’attente
Mais à l’exception de l’accompagnement juridique réalisé par l’AMDH et le Gadem, les migrants installés à Nador reçoivent actuellement très peu d’aides, témoigne encore Omar Naji. Il y a bien la Délégation diocésaine de Nador qui leur fournit habituellement une aide alimentaire et sanitaire mais à l’heure actuelle, seul le volet sanitaire est assuré, notamment auprès des femmes enceintes.
»Sur le terrain, les migrants nous disent ne rien recevoir presque. Pendant le confinement, les associations ont été contraintes d’interrompre la distribution de nourriture et de matériaux, qui servent aux migrants pour monter leurs campements, mais elles n’ont pas repris leurs activités au moment du déconfinement », affirme Omar Naji. Contactée à de nombreuses reprises par Médias24, la Délégation diocésaine de Nador est restée injoignable.
A Tanger et Oujda, paniers alimentaires et kits d’hygiène
A Tanger, le déconfinement a permis aux associations de reprendre peu à peu leurs activités, même si les restrictions ont été renforcées dans la ville. La Fondation Orient Occident s’active pour assurer un soutien financier aux migrants, notamment pour le paiement des loyers. »Entre 250 et 270 aides aux loyers vont être allouées à Tanger et Oujda », d’après Carmen Romero, chargée de projet à la Fondation, jointe par Médias24.
Cette association marocaine va aussi distribuer prochainement, et jusqu’au mois d’août, 522 paniers alimentaires et 150 kits d’hygiène auprès de la population migrante à Tanger. Ces paniers comprennent des produits alimentaires de base (thon, sardines, riz, pâtes, huile) et les kits d’hygiène sont garnis en »masques, produits d’entretien, savons, protections hygiéniques pour les femmes, couches, lait de croissance et produits alimentaires pour nourrissons », entres autres.
»Nous distribuons en fonction des besoins, en faisant du porte-à-porte, ou lorsque les personnes elles-mêmes nous sollicitent. En revanche, nous n’allons pas dans les campements en forêt », indique Carmen Romero. Ces distributions se font dans le cadre du programme »Hijra wa Himaya », dédié aux enfants migrants et lancé en juin 2018, en partenariat avec l’Unicef et cofinancé par l’Union européenne et l’ambassade de Suisse au Maroc. Près de 800 enfants ont bénéficié des ces interventions pour réduire les effets secondaires de la pandémie. »Garantir le droit à la protection des enfants est le but des actions pendant et après le confinement », précise Carmen Romero. La protection passe aussi par un soutien psychologique : une plateforme »Psyfoo », constituée de psychologues cliniciens de la Fondation, a été mise en place pour aider à la gestion des conséquences psychologiques de cette crise Covid et post-Covid.
Ces enfants migrants, originaires de Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Nigéria, du Bénin, de la République démocratique du Congo, du Sénégal ou encore de Guinée Conakry, reçoivent aussi un appui éducatif à travers des cours de soutien en ligne, afin de les préparer à la rentrée scolaire de septembre. La semaine dernière, 23 tablettes avec cartes SIM ont été distribuées à Tanger et Oujda, ainsi que des recharges internet, pour qu’ils puissent bénéficier de cours de français et de darija en ligne. Pour l’heure, 60 enfants ont assisté à ces cours, initiés au début du mois de juillet. Les cours de français sont dispensés par des professeurs vacataires et ceux de darija par des enseignants de l’Institut Cervantès de Tanger.
D’ici la rentrée de septembre, la Fondation Orient Occident veut »identifier les besoins de ces enfants pour la rentrée scolaire, en fonction de l’évolution de la pandémie et grâce aux contacts quotidiens que nous avons avec ces bénéficiaires », conclut Carmen Romero.