Lors de la rencontre trilatérale à Rabat entre, la Commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson et les ministres de l’Intérieur d’Espagne, Fernando Grande-Marlaska et du Maroc, Abdelouafi Laftit, Bruxelles a réitéré à Rabat, son désir de voir se dessiner la construction de centres d’accueil d’immigrants sous coupole européenne dans le Royaume. Pour Rabat, ce n’est là que l’utopie d’un vœu pieu, aussi rejette-t-on cette proposition pour des raisons de sécurité et de logistique.
Nonobstant cela, lors de la réunion où on n’a pas eu droit à une quelconque couverture médiatique si ce n’est l’officiel, l’accent a été plutôt mis sur le renforcement de la coopération conjointe dans le domaine des investigations quant au drame migratoire de Melilla. Ce partenariat trilatéral prône des mécanismes de lutte contre les modes opératoires criminels des réseaux de traite d’êtres humains, avec une sensibilisation aux dangers de l’immigration clandestine, un renforcement de la coopération policière aux frontières avec des agences européennes, mais point de centre d’accueil de migrants.
A ce propos, Abdelilah El Khoudari, directeur du Centre marocain des droits de l’homme, a déclaré à Hespress que la proposition qui a fuité lors de la réunion de construire des centres d’accueil pour les migrants au Maroc, est loin de la réalité du terrain. Il a ajouté : « Une telle proposition mise en œuvre, aura des répercussions et engendrera des problèmes sociaux, juridiques et économiques non négligeables pour le Maroc en termes de sécurité pour sa société ». Le défenseur des droits humains, a poursuivi en expliquant que « les immigrants africains aujourd’hui, par leur intégration dans diverses villes et quartiers avec des citoyens marocains, sont loin du blocage qui est à l’origine de tous les problèmes de sécurité et qui par à-coups provoque affrontements et escarmouches de masse avec les éléments de sécurité ».
El Khoudari s’est penché sur les dilemmes que pourraient représenter la construction de ces centres d’accueil. Dans quels endroits ? « Nous souffrons déjà de l’exode rural et de la propagation des quartiers marginaux à la périphérie des villes qui poussent comme des champignons. Ces centres d’accueil seront-ils bâtis en marge de villes ou de villages souffrant déjà du dilemme de l’absence de droit de propriété (les terres dites “dynastiques“ ou collectives etc.) ? ». EL Khoudari a estimé que « le simple fait de soulever la construction de centres d’accueil pour les migrants relève pour les milliers d’Africains et autres qui se trouvent actuellement dans le Royaume, ainsi que pour les perspectives d’arrivées, d’un fantasme et pousse à la complexité de la crise, pas à une solution réaliste ».
Le directeur du Centre marocain des droits de l’homme a souligné que « les vraies solutions, que tous ces pays (UE principalement) ne veulent ni reconnaître ni mettre en œuvre, sont de permettre aux peuples africains de se gouverner eux-mêmes, dans un cadre démocratique libre, sans affecter leur volonté, et non pas d’imposer des gouvernements hostiles à leur peuples ». Il ne faut pas être complice avec ces pays en supprimant les aspirations citoyennes à la dignité et à une vie décente. Il faut en finir avec l’exploitation et le pillage des vastes ressources naturelles du continent ».
Source : https://fr.hespress.com/271557-centres-daccueil-pour-migrants-au-maroc-ou-le-voeu-pieu-de-lue.html
