Au cours de la dernière décennie, la présence des Subsahariens s’est accrue dans le royaume. Ce qui a laissé croire que les étrangers venus d’Afrique Subsaharienne constituait l’essentiel des étrangers dans le Royaume. Selon les Chiffres du HCP publiés en octobre dernier, dans son «Rapport national sur la population et le développement», il apparait que le nombre d’étrangers, (ndlr : migrants) au Maroc, s’élève à 84 001 personnes, soit à peine 0,25% de la population marocaine estimée pour sa part à 33,8 millions d’habitants. Un chiffre qui vient contrecarrer les idées selon lesquelles les étrangers sont en très grand nombre dans le royaume, même s’il démontre qu’en comparaison avec le recensement de 2004, l’effectif de la population migrante au Maroc s’est accru de 32566 personnes en 10 ans, soit de 63%.
La même enquête révèle que les ressortissants français sont les migrants les plus majoritaires au Maroc, soit 25,4% de l’ensemble des étrangers. Ils sont suivis par les Sénégalais qui représentent 7%, suivi des Algériens (6,8%), puis des Syriens (6,2%), des Espagnols (4,8%), des Guinéens (2,9%), des Ivoiriens (2,7%), des Libyens (2,4%, 2013) et enfin des Italiens (2,3%).
Si le terme «migrant» est généralement confiné aux étrangers d’Afrique subsaharienne ou de Syrie et d’autres pays du Moyen-Orient, les étrangers originaires d’Europe et qui résident dans le royaume sont communément qualifiés d’«expatriés». Une distinction qui joue sur l’euphémisme, tend à ancrer une inégalité entre Européens et Africains, quand il s’agit de mobilité et qui contribue également à dévaloriser le «migrant». Et pourtant, selon l’Organisation internationale de migration (OIM), le terme «migrant » «désigne toute personne qui quitte son lieu de résidence habituelle pour s’établir à titre temporaire ou permanent et pour diverses raisons, soit dans une autre région à l’intérieur d’un même pays, soit dans un autre pays, franchissant ainsi une frontière internationale».
Si au Maroc, les Européens ne sont pas souvent qualifiés de «migrants», il faut dire qu’il s’agit d’une tendance mondiale. Dans plusieurs pays, les Occidentaux portent l’étiquette d’«expats» pour sortir du lot et bénéficier d’avantages et se différencier de la population étrangère d’un pays. Si dans le fond, la définition sémantique d’ «expat» ( personne vivant en dehors de son pays natal» et «migrant (personne venue vivre ou s’établir dans un pays» est presque la même, ils ont revêtu avec le temps différentes connotations. Ainsi, l’expat serait celui qui choisit la mobilité et le «migrant», celui qui subit la mobilité pour différentes raisons (financières, sécurité…).
Ainsi, dans la réalité, même si de nombreux étrangers français au Maroc sont en situation de précarité, en situation irrégulière…, en raison de leur statut d’«expat», ils ne sont pas refoulés, arrêtés…comme les autres migrants.
De telles différences ont contribué avec le temps à ternir l’image de l’acte d’immigration, non seulement au Maroc, mais partout ailleurs. Et pourtant, la migration est un facteur de développement à la fois pour les pays d’accueil et les pays d’origine. Et la percevoir ainsi serait la meilleure manière de célébrer la Journée internationale des migrants.