«Les autorités rentrent dans la forêt nous chercher et, s’ils nous trouvent, ils nous renvoient», déplore Mustapha.
«Aujourd’hui même, ils sont en train de nous chercher», abonde Omar, titubant de fatigue mais prêt à saisir «la bonne occasion pour passer».
Au lendemain de cette rencontre, les autorités marocaines ont annoncé avoir empêché 400 migrants de pénétrer dans l’enclave espagnole. L’opération a fait des blessés côté forces de l’ordre et migrants.
Ceux qui sont arrêtés sont déplacés dans le sud du Maroc en bus ou renvoyés par avion dans leur pays d’origine, selon les témoignages recueillis par l’AFP.
Dans le même temps, le Maroc revendique une politique migratoire «humaniste»: depuis 2014, le pays a mené deux campagnes de régularisation en attribuant des titres de séjour à quelque 50.000 clandestins.
– Baisse des arrivées –
Ahmed, lui, rêve d’être «footballeur professionnel en Europe».
Malgré les difficultés grandissantes, les migrants privilégient la traversée du Maroc à la route libyenne: «Là-bas il y a de la violence. Mes amis ont essayé de passer et m’ont dit que c’était dur», déclare Ahmed.
«On a décidé de partir pour régler notre avenir. On n’a rien trouvé à faire en Guinée. C’est un peu difficile là-bas», confie Omar. Les Guinéens sont parmi les premiers contingents à entrer en Europe par la Méditerranée occidentale.
Comme d’autres, le trio s’accroche à une image romancée de la vie en Europe, dont il semble tout ignorer.
Si beaucoup prennent d’assaut les grandes clôtures de Ceuta et Melilla, d’autres tentent de traverser la Méditerranée dans des embarcations de fortune.
Cette traversée se solde parfois par des tragédies: au cours des dix premiers mois de l’année, 325 personnes sont mortes, selon l’ONU. En 2018, sur la même période, 678 décès avaient été recensés.
«Moi je n’ai pas les moyens d’aller par la mer, c’est trop cher», lance Ahmed.