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Des nouveaux décès de migrants en Manche, samedi, et en Méditerranée cette semaine témoignent d’une année 2023 tragique. Avec plus de 2 000 morts rien qu’en Méditerranée depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé, indique l’Onu.
Six nouveaux morts (et un ou deux disparus) sont venus grossir le bilan tragique des migrations vers l’Europe, samedi. L’embarcation de ces exilés afghans traversait pourtant la Manche entre deux pays riches et sûrs : la France et le Royaume-Uni. Au cours de la semaine dernière, plus de quarante personnes parties de Tunisie ont été portées disparues en mer avant d’avoir atteint l’île de Lampedusa, un territoire italien.
Samedi, l’Organisation internationale pour les migrations de l’Onu, a recensé « au moins 2 060 morts » dans divers naufrages depuis le début de l’année 2023, rien que pour la Méditerranée. Le bilan de 2022 est déjà dépassé. Au mois d’août.
« Douleur et honte » pour le pape
Le pape François a parlé de « plaie ouverte pour l’humanité » aux fidèles rassemblés place Saint-Pierre au Vatican, samedi. Il a salué « l’engagement de tous ceux qui œuvrent pour prévenir les naufrages et secourir » les personnes en mer, telle l’organisation SOS Méditerranée, dont le bateau Ocean Viking a sauvé 623 personnes en 15 missions ces dernières 48 heures.
Les hommes politiques et les diplomates qui cherchent des solutions ont reçu « les encouragements » du pape. Ils sont rares, surtout dans l’Union européenne où les élections de 2024 arrivent : les candidats sont sous la pression des populistes qui ne voient dans l’accueil des migrants qu’un problème.
Hors de l’Union européenne depuis 2020, le Royaume-Uni s’est embarqué dans les pires solutions migratoires : envoi des demandeurs d’Asile au Rwanda et barge en mer qui ressemble à une prison flottante.
Des enquêtes et quelques coupables
Parfois, les efforts portent. La police espagnole a annoncé dimanche avoir démantelé un réseau de passeurs syriens qui opérait depuis le Liban jusqu’en Espagne, en Allemagne ou en Norvège, en passant par l’Égypte, puis la Libye. La personne qui cherchait à fuir son foyer devait payer 20 000 €.
La veille, samedi, l’armée libanaise, communiquait sur l’arrestation de 130 Syriens, avant leur départ en mer Méditerranée, et surtout l’interpellation du « cerveau de l’opération », un ressortissant libanais. Depuis le naufrage d’une embarcation partie du Liban, faisant une centaine de morts en septembre 2022, les autorités libanaises ont la pression. La crise économique qui frappe le pays engendre des départs et de nouveaux réseaux de passage, vers la Chypre européenne toute proche.
En France, le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, a fustigé des passeurs « criminels » pour le cas du naufrage en Manche, samedi à Calais. La juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), basée à Paris, s’est saisie de l’enquête. Le patrouilleur français Cormoran avait repéré l’embarcation en cours de naufrage, samedi matin.
D’où viennent les migrants qui arrivent en Europe ?
Selon les données recueillies par SOS Méditerranée ce week-end, les personnes venaient beaucoup de pays africains, secoués par des conflits et des crises (Soudan, Guinée, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Bénin) et du Bangladesh. Le Royaume-Uni et son anglais international font plutôt rêver les Afghans, les Irakiens, les Pakistanais. Eux aussi fuient des conflits ainsi que des températures estivales – 50 °C au Pakistan – devenues invivables.