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Lever le flou
“Le GADEM a été sollicité par des personnes non ressortissantes marocaines très inquiètes de leur situation administrative, qu’elles résident au Maroc sous couvert d’un titre de séjour, d’un visa ou qu’elles soient autorisées à rester 90 jours maximum pour les personnes exemptes de visa. La durée de validité de l’autorisation de séjour au Maroc arrivera à terme pour un grand nombre pendant cette période de confinement, alors que les autorités ne pourront traiter ces dossiers”, peut-on lire dans le communiqué de l’association qui estime que les annonces portant sur le sujet ne sont pas suffisamment explicites pour rassurer les personnes concernées quant à leur droit de séjourner au Maroc.
Accès à l’information
Un avis que partagent les six autres associations dans leur propre communiqué, qui souhaiteraient par ailleurs que soient “traduits en anglais et en français les différents communiqués officiels ainsi que tous les documents nécessaires en cette période de confinement (par exemple, le formulaire d’autorisation de sortie) pour faciliter l’accès à l’information et limiter le partage de fausses informations”.Selon la coordinatrice du GADEM Camille Denis, les étrangers non arabophones ou qui ne connaîtraient pas bien le système, notamment les personnes arrivées depuis peu au Maroc ou peu intégrées dans leur quartier, risqueraient de se retrouver en difficulté pour connaître et appliquer la procédure : “Certaines personnes avec qui nous sommes en contact nous ont informés des difficultés rencontrées pour récupérer l’autorisation de sortie de leur domicile et craignent de se voir refuser la signature de l’attestation par le représentant des autorités locales, au vu de leur propre situation administrative.”
Être dépisté et soigné
Autre point saillant, l’accès à la santé. “En dehors du contexte de la crise sanitaire, plusieurs personnes en situation administrative irrégulière étaient déjà effrayées d’aller dans des hôpitaux ou dans des lieux où l’on pouvait leur demander des titres de séjour”, rappelle la coordinatrice du GADEM qui estime ne pas avoir, pour l’instant, suffisamment d’informations sur ce point pour rassurer au mieux les personnes qui la contactent à ce sujet. Le collectif d’associations rappelle dans son communiqué la nécessité de garantir l’accès au soin, “sans discrimination pour les personnes ayant des cartes de séjour ou pas”, en insistant sur l’importance du suivi et de l’accès à l’information dans les établissements de santé.
Précaires plus exposés
Dans leurs communiqués, les associations évoquent ainsi, au-delà des questions administratives, les enjeux liés aux conditions de vie. Camille Denis tient toutefois à préciser que “dans ce contexte de crise sanitaire, la question du logement et de la sécurité sociale et sanitaire se pose de la même manière pour les étrangers que pour les Marocains eux-mêmes”.Il est en effet plus difficile pour les plus vulnérables, tant d’un point social qu’économique, de se protéger du Covid-19, mais également de subvenir à leurs propres besoins quotidiens, avec le ralentissement de l’activité économique lié aux mesures de confinement. D’autant plus que les associations qui accompagnent ces personnes ont dû également se plier aux mesures de confinement, et ont vu, pour certaines, leurs activités chamboulées, voire très fortement ralenties.Sans remettre en cause les mesures de confinement déployées, les associations signataires alertent le gouvernement sur la nécessité de prendre en compte la situation des personnes migrantes travaillant dans l’informel, “dans les mesures qui seront prises prochainement pour aider le secteur informel”, et celle “d’offrir des aides alimentaires et des facilités ou report de paiements des charges mensuels (électricité et eau, Internet et loyer) pour cette population qui s’est retrouvée sans revenu”.