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Les professionnels espagnols sont aux abois et aucune date concernant la reprise des liaisons maritimes n’a été encore annoncée par les autorités marocaines. Ici comme là-bas, des Marocains espèrent une reprise le plus tôt possible. Témoignages.
Depuis mars 2020, les liaisons maritimes avec l’Espagne sont suspendues. Et malgré la reprise partielle vers les ports français et italiens et la tenue exceptionnelle de l’opération Marhaba en 2021, les ports espagnols ont été exclus par les autorités marocaines.
Une décision prise dans une période de haute tension diplomatique entre les deux pays, après que l’Espagne ait décidé d’accueillir en catimini le chef séparatiste Brahim Ghali pour y être soigné du Covid en avril 2021. À cette époque déjà, les pertes étaient estimées à plusieurs centaines de millions d’euros. À Algésiras seulement, on estimait ces pertes à plus de 500 millions d’euros et plusieurs milliers d’emplois qui n’ont pas pu être créés depuis mars 2020, écrit le quotidien ABC.
« Après presque deux ans des suspensions des liaisons avec les ports de Tanger- Med et Tanger-Ville, la situation reste très préoccupante pour les travailleurs et les entreprises du secteur», a déclaré au quotidien le président de l’autorité portuaire de la baie d’Algésiras (APBA), Gerardo Landaluce.
Même son de cloche de la part des agences de voyages. Juan Parada, président de l’association des agences de voyages du port d’Algésiras, regroupant pas moins de 13 agences, explique pour sa part que «cela fait deux ans que (nous) sommes à l’arrêt et sans aucune rentrée d’argent. Tant que les frontières maritimes (du Maroc) restent fermées, nous sommes bloqués». «Nous sommes très préoccupés et nous ne savons pas non plus ce que nous allons faire de nos employés», se lamente-t-il.
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Au-delà des pertes financières, la suspension du trafic maritime avec l’Espagne affecte des millions de Marocains, qui avaient pris pour habitude de faire la traversée depuis l’Espagne. Ilham, mère de deux filles installées en Espagne effectuait au moins deux allers-retours chaque année. «J’ai une peur bleue de l’avion (…) ce n’est même pas une option pour moi», nous confie-t-elle. «Contourner la moitié de l’Europe pour rejoindre mes filles me parait la plus grande des aberrations», poursuit notre interlocutrice.
«J’espère que les liaisons reprendront avant le mois de Ramadan», affirme Ilham. En effet, le mois sacré est une autre date importante pour certains Marocains. Hicham*, 37 ans, a pris pour habitude de prendre un congé lors de ce mois pour s’installer temporairement en Espagne. «Avec mon groupe d’amis c’est carrément devenu un rituel. Nous partons en voiture pour l’Espagne durant cette période (…) ce qui nous permettait d’emmener tous nos bagages», nous confie-t-il. Mais cette année Hicham devra renoncer à son véhicule, bien qu’il espère encore une annonce de la part des autorités marocaines.
Pour certains, c’est leur avenir qui est en jeu. Salima*, 39 ans, a ouvert il y a quelques années déjà un e-commerce de vente de produits cosmétiques fabriqués en Espagne. «Je me rendais en Espagne au moins une fois par trimestre pour renflouer mes stocks. Je faisais le déplacement en voiture, étant donné que mes produits en grande quantité ne sont pas autorisés à bord de l’avion», nous explique-t-elle.
«Aujourd’hui je ne sais plus quoi faire et mon seul souhait serait qu’ils rouvrent les frontières maritimes avec l’Espagne», affirme notre interlocutrice.
Des centaines d’histoires des deux côtés de la rive pourraient être relatées. En attendant aucun signe ne laisse envisager qu’une réouverture est pour bientôt.