La guerre en Ukraine contraint des milliers de personnes à l’exil
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L’année 2022 a été marquée par plusieurs événements majeurs sur la thématique migratoire. La guerre en Ukraine, l’accord Londres-Kigali sur l’extérioralisation de l’asile ou encore le drame de la mort d’au moins 23 personnes qui tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole de Melilla, en juin, ont rappelé combien la migration est un réflexe lorsque des populations se trouvent en difficulté. Ces trois événements, et d’autres, connaîtront sans doute nul doute, des suites au cours de l’année 2023.
La guerre en Ukraine contraint des milliers de personnes à l’exil
Personne ne croyait que l’on en arriverait à la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Surtout pas les milliers d’étudiants étrangers installés dans le pays depuis des années pour suivre leurs études. Lorsque les bombardements ont commencé le 24 février 2022, des milliers d’Ukrainiens et d’étudiants ont été jetés sur les routes pour échapper aux attaques russes.
La plupart des jeunes étrangers ont cherché à regagner leur pays d’origine mais certains ont été victimes de racisme, notamment au moment de prendre le train ou de passer les frontières pour entrer dans les pays voisins.
Des personnes traversent la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie, au niveau de la ville de Siret, jeudi 24 février 2022. Crédit : Reuters
Pologne, Hongrie, Roumanie, Moldavie, les pays frontaliers sont les premiers à accueillir les personnes qui fuient la guerre. En quelques jours, tout un système doit se mettre en place. Un mouvement de solidarité inédit s’installe et met en lumière les différences de traitements réservés aux Ukrainiens et autres demandeurs d’asile, afghans notamment, dans les pays européens
Puis, passée l’urgence du départ, commencent à se poser les premières questions d’ordre administratif. Les Ukrainiens bénéficient d’un permis de séjour temporaire pour demeurer dans l’UE mais les étudiants africains, eux, rencontrent de nombreuses difficultés.
Entre Londres et Kigali, un accord de relocalisation des demandeurs d’asile
Dans le nord de la France, au début de l’année 2022, les tentatives de traversées de la Manche se suivent à un rythme effréné. Pour mettre un terme à ces arrivées irrégulières, Londres signe en avril un accord de relocalisation des demandeurs d’asile avec le Rwanda. Les personnes arrivées de manière irrégulière sur le sol britannique doivent être envoyées dans ce pays d’Afrique de l’est où leur demande d’asile doit être étudiée, et y rester si elle est acceptée.
Mais le gouvernement britannique a le plus grand mal à faire appliquer l’accord. Les opposants à cette mesure multiplient les recours pour l’empêcher. Mi-juin, le premier vol censé quitter Londres pour Kigali est annulé à la dernière minute par une décision en urgence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). Dernier rebondissement à quelques jours de la fin de l’année : les juges de la Haute Cour de Londres ont estimé, le 19 décembre, que le plan de relocalisation de demandeurs d’asile vers le Rwanda était bel et bien légal, ouvrant la voie à une application concrète des expulsions.
Des migrants arrivent à Douvres, au Royaume-Uni, après avoir été secourus dans la Manche, le 24 août 2022. Crédit : Reuters
Au moins 23 morts à Melilla
Le 24 juin, près de 2 000 migrants originaires d’Afrique subsaharienne tentent de pénétrer depuis le Maroc dans l’enclave espagnole de Melilla. Le mouvement se transforme en gigantesque bousculade, les polices espagnoles utilisent des gaz lacrymogènes et font tomber les exilés des grillages. Quelques instants plus tard, le bilan est dramatique. Au moins 23 personnes sont mortes et alors que leurs corps couvrent le sol, des policiers s’acharnent encore sur eux à coups de matraques. Les images sont extrêmement choquantes.
Des dizaines de personnes ont été blessées, le 24 juin 2022, près de la frontière avec Melilla. Crédit : capture d’écran images amateur
Rapidement, deux visions s’affrontent. Le Maroc condamne en justice une trentaine de migrants pour « entrée illégale sur le sol marocain » et « violences » contre les forces de l’ordre et l’Espagne nie toute violence excessive de ses policiers. L’ONU, l’Union africaine et le parquet espagnol réclament, de leur côté, une enquête indépendante pour faire la lumière sur le sujet.
Réactivation de la route des Balkans
À l’été 2022, la route des Balkans connaît un regain d’activité. En août, Frontex indiquait que plus de 70 000 franchissements de frontières illégaux avaient été détectés dans la région depuis janvier, soit une augmentation de 205 % par rapport à la même période en 2021.
En cause, des tentatives répétées de franchissements des frontières par des exilés qui restent à proximité de celles-ci jusqu’à réussir. Autre hypothèse : les exemptions de visas pour certaines nationalités pousseraient leurs ressortissants à rejoindre les Balkans pour tenter d’entrer ensuite dans l’UE. C’était le cas pour les Burundais et les Tunisiens en Serbie mais Belgrade a mis fin à ce régime spécial en octobre, sous la pression de Bruxelles.
L’Ocean Viking accoste à Toulon
Des passagers de l’Ocean Viking, bateau humanitaire de SOS Méditerranée, le 6 novembre 2022, quelques heures avant de débarquer à Toulon. Crédits : SOS Méditerranée, Twitter
La fin de l’année 2022 a été marquée par la toute première fois où la France a accueilli un navire humanitaire dans l’un de ses ports. Le 11 novembre 2022, après trois semaines en mer et alors que l’Italie refusait de le laisser débarquer les 230 exilés à bord, l’Ocean Viking a accosté dans le port de Toulon.