Pour le sociologue Mehdi Alioua, l’inflation sécuritaire décidée par l’Union européenne entraîne mécaniquement une augmentation du nombre de décès en mer.
Cela fait maintenant plus d’une semaine qu’un bateau pneumatique, parti de Laâyoune (Maroc) avec une soixantaine de personnes à son bord, a disparu lors de la traversée vers les Canaries, l’une des routes migratoires les plus actives et périlleuses au monde. Un itinéraire réactivé depuis la mise en place de politiques dissuasives sur la route de la Méditerranée occidentale, point de passage entre l’Afrique du Nord et l’Espagne depuis des milliers d’années. Pour Mehdi Alioua, sociologue spécialiste des migrations et professeur associé de l’Université internationale de Rabat, rattaché à Sciences Po Rabat, ce durcissement ne fait qu’accroître la dangerosité des tentatives et le nombre de décès.
Comment ont évolué les routes migratoires en Méditerranée ces dernières années ?
Malheureusement, pas grand-chose n’a changé depuis que la levée des frontières intérieures de l’espace Schengen a entraîné, à la fin des années 90, un durcissement des frontières dites extérieures de l’Union européenne (UE). Depuis, les personnes migrent de plus en plus clandestinement, lors de trajets toujours plus longs et dangereux. Ces routes n’ont jamais cessé, elles évoluent simplement au gré des crises, comme on a pu le voir avec la guerre en Syrie et la «crise des réfugiés» qu’elle a engen…
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