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Plusieurs idées importantes dans cette déclaration…
Premièrement, « Africain·e·s » renvoie assez systématiquement aux personnes noires ressortissantes de différentes zones géographiques du continent, hors Afrique du Nord, soit un groupe homogénéisé de personnes originaires d’au moins 48 pays et d’un nombre très important de groupes ethniques, dont le seul point commun identifiable à première vue est la couleur de la peau. Si au Maroc, toute personne noire est assimilée comme « Africaine », qu’advient-il des personnes noires originaires d’autres pays/continents ?
Deuxièmement, elle sous-entend qu’un nombre très important de personnes noires « africaines » viennent et s’installent au Maroc. Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes et au Maroc, la propension de personnes ressortissantes d’Afrique de l’Ouest et Centrale (principales régions d’origine des personnes noires « africaines » présentes au Maroc) n’atteint pas 0,3%* de la population totale marocaine, dont la majorité reste concentrée dans les principales grandes villes du Maroc.
Enfin, on associe communément à « Africain·e·s » la situation de précarité, l’absence d’autorisation de séjour au Maroc** et une volonté de rejoindre le territoire européen. Pourtant est-il possible d’associer toute personne noire non ressortissante marocaine à ces idées reçues ? Le Maroc n’accueille-t-il pas un nombre important d’étudiant·e·s ? d’entrepreneur·euse·s ? de professionnel·le·s ? de personnes souhaitant tenter leurs chances au Maroc ? de personnes venues rejoindre leur famille ? etc. La précarité et l’absence d’autorisation de séjour est-elle le fait des personnes « africaines » uniquement ? Les autres personnes ressortissantes d’Amérique du Nord ou du Sud, d’Asie, d’Europe ou d’Océanie, sont-elles à l’abri de ces contraintes économiques et administratives ?
Associer toute personne noire à un seul et même groupe revient à essentialiser, ce qui implique d’enfermer ces personnes dans des catégories ou des identités figées et restreintes, ici sur la base de critères raciaux, soit la couleur de la peau et l’origine nationale ou ethnique supposée ou avérée.
Être noir·e, n’est pas forcément être africain·e. Être noir·e n’est pas synonyme de situation de précarité ou de situation administrative irrégulière en lien avec le séjour, etc. Cela stigmatise, exclut et marginalise, et peut engendrer des violences autant psychologiques que physiques !
* Il est difficile d’avoir des informations fiables sur le nombre de personnes ressortissantes d’Afrique de l’Ouest et Centrale au Maroc. Nous avons donc repris différents chiffres dont certains se recoupent, mais en choisissant de tous les additionner afin de donner une fourchette très haute de la réalité :
– D’après les chiffres publiés en 2020, la Division population du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (ONU DAES) estime à 6 753 le nombre de personnes ressortissantes africaines – hors Afrique du Nord – présentes au Maroc.
– En octobre 2022, environ 12 000 personnes ressortissantes d’Afrique de l’Ouest, Centrale ou de l’Est étaient enregistrées auprès du HCR au Maroc.
– Les associations sur le terrain estiment souvent entre 20 et 30 000 le nombre de personnes ressortissantes d’Afrique de l’Ouest et Centrale se trouvant en situation administrative irrégulière en lien avec le séjour sur le territoire marocain.
En additionnant les différentes données, on atteint un total d’environ 48 753 personnes. Pour encore une fois donner une fourchette très haute de la réalité, multiplions ce chiffre par deux, soit 97 506 arrondi à 100 000, donc partons sur 100 000 personnes ressortissantes d’Afrique centrale et centrale pour une population marocaine de 36,91 millions en 2020, soit 0,27%.
** Personne qui ne détient pas de titre de séjour ou de visa, ou dont la durée de validité est expirée, ou personne qui se maintient au-delà des 90 jours de séjour autorisés pour les personnes non soumises à l’obligation de visa sans obtenir de titre de séjour.
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