Des dizaines de femmes de nationalité marocaine piégées et bloquées à Sebta depuis la fermeture de la frontière en mars dernier et vivant dans des entrepôts de marchandises, en pleurs ont fait appel et imploré le roi Mohammed VI dans un clip vidéo diffusé sur les réseaux sociaux. Elles demandent qu’on leur vienne en aide afin qu’elles puissent retourner dans leurs foyers au Maroc parmi leurs familles en cette veille de l’Aïd Adha.
Ces Marocaines vivent un véritable drame séparées de leurs familles et loin de leurs enfants. Elles sont en manque de ressources pour subsister vivotent dans la rue et dorment dans des abris de fortune (entrepôts de marchandises). C’est loin d’être un hébergement conventionnel mais ça protège leur intimité. Elles n’ont qu’un seul désir rentrer au plus tôt chez elles, mais pour cela il leur faut traverser le poste-frontière de Tarajal et Bab Sebta désespérément clos.
L’histoire de Khadija qui s’est confiée par téléphone à Hespress est tragique à plus d’un titre. Cette dame originaire de la ville de Tétouan était enceinte lorsqu’elle s’est rendue dans la ville de Sebta pour acheter des vêtements à son futur bébé. Mal lui en pris puisque ce jour-là, le Maroc fermait ses frontières terrestres avec l’Espagne, elle est donc restée à Sebta loin des siens et sa vie s’est transformée en un véritable cauchemar. En avril elle a accouché d’une fillette par césarienne dans un hôpital du préside occupé. Hébergée deux mois durant et sans ressources chez des proches elle s’est vite retrouvée, malgré son statut particulier, dans la rue avec les risques que cela comporte pour elle et son bébé de quelques semaines.
Sans domicile fixe, elle a vivoté par-ci par-là s’activant dans divers travaux ménagers de cuisine ou autres en souffrant le martyr. Pire, Khadija tomba malade et fut confrontée à l’administration de l’établissement hospitalier qui l’avait soignée et où elle avait subi un examen médical et reçu des injections et des médicaments. Comme elle n’a pas d’assurance maladie, elle doit payer un montant au-dessus de ses moyens et qu’elle ne possède du reste pas, et ce dans les quinze jours à venir.
Khadija ne sait pas comment faire pour rembourser n’ayant pas de sous pas même pour acheter du lait à sa fille qui plus est, à quatre mois, n’a pas toujours pas encore subi la moindre vaccination obligatoire. Cette situation de no women’s land que vivent ces dizaines de Marocaines à Sebta occupée a été rendue plus douloureuse de par leur statut particulier qui font qu’elles pouvaient entrer et sortir de Sebta en tant que riveraines du préside occupé à leur guise.
La donne ayant changé avec l’avènement de la Covid-19, cette situation est d’autant plus compliquée qu’en l’absence d’un visa Schengen, elles n’ont pas pu se déplacer vers Malaga ou vers Sète et Gênes pour être rapatriées par voies aériennes ou maritimes à l’instar de nombre de nos compatriotes. Elles sont prisonnières dans l’Enclave occupée et seule issue, elles se doivent d’attendre la réouverture des frontières terrestres et plus particulièrement la réouverture du poste-frontière de « Tarajal et Bab Sebta » pour recouvrer leur liberté, leurs foyers et familles.