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Le Haut Commissariat au Plan (HCP) a dévoilé le rapport final des résultats de l’enquête sur la migration internationale 2018-2019. Cette enquête, qui s’inscrit dans le cadre du programme d’appui, de l’Union Européenne aux politiques migratoires du Royaume du Maroc, vise à appréhender les nouvelles tendances de la migration internationale, les comportements des migrants ainsi que les déterminants, impacts et conséquences de la migration internationale sur le développement, fait savoir le HCP dans sa présentation de l’enquête.
Dans son introduction, l’enquête évoque les marocains résidant à l’étranger et les migrants de retour et aux intentions d’émigrer des marocains non migrants. L’enquête a été réalisée sur le terrain entre août 2018 et janvier 2019 auprès d’un échantillon représentatif de 15.000 ménages, dont 8.200 ménages de migrants actuels, 4.100 ménages de migrants de retour et 2.700 ménages de non-migrants.
Ainsi, on estime à plus de cinq millions les Marocains résidant à l’étranger. Plus des quatre-cinquièmes sont en Europe, souligne le HCP qui poursuit que la migration marocaine vers l’étranger a beaucoup évolué au cours des dernières décennies: ses effectifs ont fortement augmenté malgré la multiplication des obstacles à l’immigration – notamment de travailleurs- en provenance du sud de la méditerranée en Europe depuis le milieu des années 1970, de migration temporaire, elle est devenue permanente, elle s’est féminisée grâce au regroupement familial mais aussi à la migration féminine autonome.
De même, son niveau d’éducation et de formation s’est élevé, elle s’est redéployée en Europe, des pays traditionnels d’immigration de l’ouest de l’Europe (France, Belgique, Pays-Bas, Allemagne) vers de nouveaux pays d’immigration, notamment méditerranéens (Italie et Espagne), L’Amérique du nord (Canada et Etats-Unis) et les pays du Golfe, de nouvelles formes de migrations sont apparues ou se sont développées récemment, comme divers types de migrations circulaires ou la migration des mineurs non accompagnés, précise le rapport.
Cependant, le HCP relève que le Maroc est devenu aussi au cours des dernières décennies un pays de transit et d’immigration. Le recensement général de la population et de l’habitat de 2014 en a compté 86.000, fait savoir l’enquête, qui souligne que l’immigration en provenance du Sud, notamment des pays subsahariens, a eu tendance à augmenter récemment, ce qui a amené le Maroc à adopter une politique nationale d’immigration et d’asile depuis la fin de 2013 et à procéder notamment à deux opérations de régularisation de quelque 50.000 étrangers entre 2014 et 2018.
Ainsi, la note indique que plusieurs enquêtes ont été menées sur la migration internationale au Maroc depuis le milieu des années 1970, cependant rares sont celles qui ont été réalisées au cours de la dernière décennie alors que des événements importants se sont produits et qui ont eu une incidence notable sur les migrations internationales notamment dans la région. Elle cite parmi eux la crise économique de 2008 et ses conséquences, les « printemps arabes », les guerres au Proche et au Moyen Orient et les troubles politiques en Afrique subsaharienne. Tout ceci et le manque de gestion coordonnée, ont abouti à la crise migratoire qui a affecté la région méditerranéenne et l’Europe en 2015, estime l’enquête.
Sur le plan national, le rapport du HCP indique que l’enquête intervient après une période où le Maroc a connu de profondes transformations démographiques, en liaison avec des changements culturels, économiques et sociaux. Sa transition démographique avancée dont les effets sur la structure d’âge sont différés dans le temps, n’empêche guère que les jeunes sont encore nombreux et le resteront dans les deux prochaines décennies, ce qui ne manquera pas d’avoir une incidence sur la demande d’emplois et de formations appropriés.
Aussi, l’insertion de ces cohortes de jeunes sur le marché du travail domestique constitue-t-elle un défi majeur. Dans ce contexte d’équilibre précaire du marché du travail, la migration internationale a joué et continue de jouer un rôle non négligeable pour atténuer la pression sur le marché de l’emploi national, en particulier pour les jeunes diplômés. Les flux migratoires ont continué vers l’Europe mais avec des redéploiements vers d’autres régions, l’Amérique du nord et, dans une moindre mesure, les pays arabes, est-il encore souligné.
Le HCP fait savoir que ce rapport publié concerne les résultats détaillés de la première phase de l’enquête. Il présente la méthodologie adoptée, les profils démographiques et socio-économiques des migrants actuels et de retour, les intentions d’émigrer et les effets de la migration internationale sur les conditions de vie des ménages marocains.
La deuxième phase de l’enquête sera réalisée au deuxième semestre de 2020. Elle portera sur les réfugiés et demandeurs d’asile, les migrants irréguliers et les immigrés régularisés, indique le HCP.