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22/10/2018
Anaïs Lefébure
Le Maroc a décidé de renvoyer vers leurs pays d’origine tous les migrants clandestins subsahariens ayant participé, dimanche 21 octobre au matin, à l’assaut de la clôture frontalière entre le royaume et l’enclave espagnole de Melilla, annonce ce lundi le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Environ 300 personnes ont tenté le franchissement et 200 y seraient parvenues.
“Les forces publiques sont intervenues pour mettre en échec cette tentative d’assaut et ont procédé à l’arrestation de 141 clandestins”, précise le ministère, ajoutant que 12 militaires et un membre des forces auxiliaires ont été blessés à des degrés divers lors de cette opération, avant d’être évacués vers l’hôpital de Nador pour être soignés.
Lors de la tentative de passage illégal de la frontière, une personne est décédée après être tombée du haut de la clôture et 22 migrants ont été blessés par les fils barbelés et transférés à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires, souligne le ministère.
“Suite à ces actes illégaux, les autorités marocaines ont décidé de refouler vers leurs pays d’origine tous les participants à cette opération d’assaut et ce, conformément aux lois en vigueur”, conclut la même source.
55 migrants ayant réussi à franchir la clôture auraient par ailleurs été refoulés vers le Maroc par l’Espagne, selon l’activiste et militante des droits des migrants Helena Maleno, comme elle l’a annoncé sur Twitter:
“Le gouvernement renverra en express 55 personnes qui sont entrées hier à Melilla. Dans le fantasme raciste de la ‘sécurité’ ils oublient l’obligation de se conformer aux droits humains”.
Une information également annoncée par l’agence de presse espagnole EFE, qui précise que ce retour au Maroc se base sur l’application de l’accord de circulation et de réadmission des étrangers, signé en 1992 et réactivé en août dernier au grand dam des défenseurs des droits humains.
Le gouvernement espagnol est régulièrement pointé du doigt par les ONG de défense des droits humains pour ces opérations de refoulement ”à chaud” des migrants clandestins, notamment permises par cet accord de réadmission signé entre l’Espagne et le Maroc en 1992.
Les opérations d’arrestation et de déportation des migrants subsahariens par le Maroc vers le sud du pays ont été par ailleurs vivement dénoncées par le Groupe antiractiste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM). Dans un rapport publié fin septembre, l’association condamnait ces “expulsions abusives” et déplorait les mauvais traitements et conditions de détention vécues par les migrants subsahariens, témoignages à l’appui.
Fin août, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit et le ministre délégué chargé des MRE et de la migration Abdelkrim Benatiq ont rencontré les ambassadeurs africains à Rabat pour évoquer avec eux la question des migrants subsahariens clandestins présents sur le territoire marocain.
L’annonce du renvoi d’une partie d’entre eux vers leurs pays d’origine avait été faite à cette occasion, et chaque ambassade africaine a été chargée de participer à l’identification de ses ressortissants et à leur rapatriement.
https://www.huffpostmaghreb.com/entry/le-maroc-renvoie-dans-leurs-pays-141-migrants-subsahariens-ayant-tente-de-traverser-la-frontiere-avec-melilla_mg_5bcdcc35e4b0d38b587a5e98