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Les derniers résultats de l’enquête du Baromètre arabe sur la discrimination raciale montrent que cette dernière est largement perçue comme un problème, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Cependant, les citoyens de la région MENA ne définissent pas les situations de racisme de la manière communément admise en Occident.
Si la discrimination raciale prend différentes formes, les citoyens des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont nombreux à ne pas considérer que le racisme anti-noir en fait partie. Selon une récente étude du Baromètre arabe dans dix pays de la région, des recherches supplémentaires gagneraient à clarifier la façon dont les citoyens comprennent, dans ce sens, la notion de représentation.
Aussi, la lutte contre la discrimination nécessitera «une plus grande prise en compte de ces problèmes au sein de la société et par les gouvernements, en particulier compte tenu de l’ampleur manifeste du problème et du fait que peu de victimes de discrimination déclarent que des mesures soient prises à l’encontre des mis en cause», selon le rapport. Les pays où ces données ont été recueillies sont l’Egypte, l’Irak, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, la Palestine, le Soudan, la Tunisie et la Mauritanie.
A la veille de la Journée internationale contre les discriminations raciales, célébrée ce 21 mars, le centre a publié les résultats de ce travail, montrant que dans la région, la discrimination raciale est comprise différemment de celle anti-Noirs. Dans le rapport, la discrimination raciale est définie comme «une discrimination fondée sur la race», tout en tenant compte de l’absence de consensus parmi les sociologues et les anthropologues sur la définition exacte de ce terme. Le document retient qu’il peut faire référence à «un groupe de personnes partageant certaines caractéristiques physiques visibles».
«Depuis les Etats-Unis, la question du racisme a été remise sur le devant de la scène mondiale», ces dernières années, notamment dans le contexte de la mort de George Floyd et des violences policières questionnant le caractère discriminatoire, voire raciste, du traitement d’agents de police à l’égard d’individus ou de groupes. Toujours est-il que «la compréhension de la race diffère dans la région MENA», d’après l’analyse d’Arab Barometer.
Des conceptions différenciées sur la discrimination raciale
Dans la plupart des pays étudiés, beaucoup affirment que «la discrimination raciale est un problème grave», mais peu déclarent que la «discrimination à l’encontre des Noirs est un problème dans une large ou moyenne mesure». La majorité des citoyens tunisiens (80%), irakiens (67%), jordaniens (63%), palestiniens (59%), soudanais (58%) et près de la moitié des citoyens libanais (49%) et libyens (48%) déclarent que la discrimination raciale est un problème grave dans leur pays. Cependant, ce n’est qu’en Tunisie (63%) et au Soudan (63%) que la plupart des citoyens déclarent que la discrimination anti-Noirs est un problème dans une large ou moyenne mesure.
Moins de la moitié de tous les citoyens libyens (45%), libanais (45%), marocains (43%) et irakiens (31%) reconnaissent que le racisme anti-Noir est un problème. En Palestine, en Jordanie et en Egypte, moins de 25% déclarent la même chose. Le Maroc se distingue parmi les pays étudiés en étant l’un des deux seuls, avec le Soudan, où le nombre de citoyens qui pensent que la discrimination anti-noirs (43%) est supérieur à ceux qui pensent que la discrimination raciale est un problème (37%). Par ailleurs, 40% des sondés au Maroc estiment que la discrimination spécifiquement à l’encontre des migrants de pays subsahariens est un problème dans une large ou moyenne mesure. Les résultats suggèrent qu’il existe une prise de conscience de l’existence de cette forme de discrimination.
Selon la même source, ces éléments de réponse suggèrent toutefois la nécessité d’approfondir les recherches sur la manière dont les citoyens de la région MENA définissent globalement le concept de «race» et sur la prise de conscience au sujet de la discrimination anti-Noir dans beaucoup de ces pays-là.
Revenir aux divers récits historiques de la région
Cette différenciation peut avoir plusieurs raisons, «notamment celle que la couleur et le phénotype ne sont pas les seuls marqueurs de différence». Dans la région MENA, la discrimination raciale «englobe un éventail plus large de préjugés fondés non seulement sur la couleur de la peau, mais aussi sur l’ethnicité et le lieu d’origine», selon l’étude.
Celle-ci rappelle également que «la discrimination anti-Noirs est une forme de racisme structurel et systémique et de préjugés contre des personnes d’ascendance africaine», avec l’existence d’un ensemble d’attitudes négatives et hostiles qui peuvent être rattachés uniquement à la différence visible des personnes.
Ces perceptions spécifiques peuvent trouver leurs causes profondes dans le cheminement historique de l’esclavage, tenant compte de l’Histoire coloniale des pays, mais aussi de l’esclavage dans la région avant la période de l’impérialisme et de l’ingérence européenne dans cette région, selon le rapport.
Source : https://www.yabiladi.com/articles/details/138080/effets-discrimination-raciale-dans-region.html