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Pour beaucoup de Marocains bloqués à Sebta, les plages proches de Fnideq, à quelques kilomètres de nage exercent un irrésistible appel. L’effet contraire qu’exerçaient les rivages de Sebta sur les candidats au «Hrig», il n’y a pas si longtemps que ça.
Depuis la fermeture des frontières, pour la centaine de Marocains bloqués, la tentation est de plus en plus forte. Certains ont déjà essayé de tenter l’aventure, traversant le bras de mer entre Sebta et Fnideq réussissant à traverser, non sans peine. Les tentatives ont attiré l’attention des autorités de la ville qui ont mis en place un dispositif de surveillance dédié qui a permis depuis quelques jours de procéder à l’interpellation d’une douzaine de jeunes qui ont essayé de refaire le trajet inverse des harragas.
Même si la distance les séparant du Maroc est moindre, la situation de certains des bloqués à Sebta est pire que celle du reste des Marocains bloqués à l’étranger. Ces plombiers, boulangers, électriciens, maçons… avaient traversé la frontière, ce dernier jour avant la fermeture, avec juste leurs vêtements sur le dos. Puis ils se sont retrouvés coincés, avec rien d’autre ni pour se changer, ni pour subsister.
Aujourd’hui, ils sont logés dans une salle couverte qu’ils partagent avec de vrais harragas sans même avoir accès à des douches. Ils ne peuvent aller ni au Maroc, ni sur la péninsule, les connexions maritimes étant à l’arrêt. Ils font les frais d’une bataille politique entre le gouvernement de la ville et celui de Madrid qui se rejettent la balle quant au financement de leur séjour à Sebta.
Lors des premiers jours, une association espagnole leur amenait quelques viennoiseries et du café, mais depuis quelques semaines, les autorités leur ont interdit l’accès à cause du confinement sanitaire.
En revanche, aucune information ne filtre sur ceux qui ont traversé la mer à la nage pour rejoindre les côtes marocaines, ni sur le fait qu’on ait pu ou non les tester. En plus d’être humanitaire, la situation est aussi sanitaire, avec possibilité de contagion.
En effet, rien ne permet d’assurer que les harragas soient sains et non porteurs de virus. Certains bénévoles souhaiteraient s’en occuper afin de les soigner si leur état l’exigeait et les placer en quarantaine, de crainte de les voir générer un nouveau foyer de contagion.
A noter que les «prisonniers» de Sebta ne sont pas les seuls à vouloir refaire le chemin inverse. Des rumeurs circulent au sujet de quelques Marocains attrapés en Espagne ayant essayé de rentrer par «patera». Le prix du «billet» est aussi cher à l’aller et varierait entre 50.000 et 60.000 DH. Le monde à l’envers.