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Lors du sommet UE-UA, organisé à Bruxelles, le président du gouvernement espagnol a été l’unique dirigeant européen à s’être entretenu avec le chef du Polisario. En rencontrant le chef des séparatistes, Pedro Sanchez apporte la preuve que le Royaume a eu raison de ne pas croire en les belles paroles des responsables espagnols.
Il a été le dernier à avoir quitté l’hôtel. Et il a aussi été l’unique personne qui n’a pas eu droit à une photo avec les trois dirigeants de l’UE qui ont accueilli les chefs des délégations africaines: le président français Emmanuel Macon, qui assure la présidence tournante du Conseil de l’UE, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne et Charles Michel, le président du Conseil de l’UE… Quand Brahim Ghali a fait son entrée dans la salle, les trois dirigeants européens avaient déjà quitté l’estrade où ils accueillaient les chefs des délégations.
Cette monstrueuse exception qu’est la présence au sommet UE-UA du chef d’une république fantoche a été mise en évidence le jeudi 17 février dernier à Bruxelles. Tout a été orchestré pour que le traitement protocolaire de ce chef illégitime jure férocement avec celui réservé aux autres représentants africains. Brahim Ghali n’a pas échangé la moindre parole avec aucun des dirigeants européens. A l’exception d’un seul: Pedro Sanchez, le président du gouvernement espagnol.
Pedro Sanchez a de plus publiquement assumé sa rencontre avec le chef des séparatistes. Lors d’une conférence de presse, le lendemain, vendredi 18 février, le président du gouvernement espagnol a affirmé qu’il s’était «entretenu avec le chef du Front Polisario».
Comment interpréter cet entretien que Pedro Sanchez assume bel et bien? Il y a, d’un côté, les déclarations quasi-quotidiennes du ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, qui se dit en faveur d’un réchauffement des relations avec le Maroc, et qui relaie les bonnes intentions du chef de l’exécutif espagnol pour tourner la page de la crise entre Madrid et Rabat. Mais il y a aussi, de l’autre, ces faits et ces actes douteux, qui ruinent les bonnes intentions des ministres espagnols formulées à l’égard du Maroc.
Comment est-il possible d’affirmer vouloir construire une relation du XXIe siècle avec le Maroc, et en même temps traiter avec ce résidu de la guerre froide, enraciné dans le XXe siècle? Que croire: l’effort de langage en vue de tourner la page de la crise, ou ces actes, à rebours des déclarations verbales?
L’entretien du président du gouvernement espagnol avec Brahim Ghali vient ainsi souligner le décalage qui existe entre les paroles et les actes des responsables espagnols. En s’entretenant à Bruxelles avec le chef des séparatistes, et en assumant cette rencontre dans une déclaration à la presse, Pedro Sanchez apporte la preuve que le Royaume du Maroc a eu raison de ne pas croire en les belles paroles des responsables espagnols. Cette rencontre, qui entraîne bien des interrogations et des doutes, est un élément à charge contre la réelle disposition du gouvernement espagnol à établir des relations du XXIe siècle avec son voisin du sud. Des relations où les actes devraient être en synchronie avec les paroles.
Jusqu’ici, force est de reconnaître que le Maroc n’a reçu que des paroles qui n’ont en rien engagé leurs auteurs. Le Maroc attend donc toujours que l’Espagne traduise ses bonnes intentions par des actes.