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Maroc : la périlleuse immigration clandestine vers l’Espagne et l’Europe

05.05.2024  Maroc : la périlleuse immigration clandestine vers l’Espagne et l’Europe

Au Maroc, le phénomène de l’immigration irrégulière prend des proportions alarmantes, avec une augmentation constante du nombre de candidats subsahariens cherchant à rejoindre l’Europe via le territoire chérifien. Mais les candidats locaux ne sont pas en reste à ce petit jeu.

 

Les routes traditionnelles vers l’Espagne, des Canaries au détroit de Gibraltar, sont désormais étroitement surveillées, contraignant ainsi, les migrants à des voies alternatives et souvent périlleuses. Face à ces tentatives d’entrée clandestine, les autorités marocaines renvoient régulièrement les migrants à l’intérieur du pays, où nombre d’entre eux se retrouvent contraints de mendier pour subvenir à leurs besoins, dans les carrefours des villes marocaines.

 

Certains parviennent à trouver de petits emplois, notamment dans le secteur agricole, où la main-d’œuvre bon marché est fréquemment sollicitée dans les champs d’oliviers ou d’agrumes. Toutefois, l’accès au marché du travail reste ardu pour la plupart, et ceux qui détiennent des documents légaux ont souvent recours à des métiers précaires, voire informels, pour survivre. Quant aux plus chanceux, ils se lancent parfois dans l’auto-entreprenariat, tentant de bâtir une vie décente malgré les obstacles.

 

Selon les données de l’agence Frontex, plus de 14 400 candidats marocains à l’exil ont été recensés en 2023, parmi une multitude de nationalités africaines et asiatiques. Cette année-là, pas moins de 380 227 franchissements illégaux ont été enregistrés aux frontières extérieures de l’Union européenne, la Méditerranée centrale demeurant la voie d’accès principale avec 157 479 passages. Elle est malheureusement la plus meurtrière.

 

Les chiffres des pertes humaines sont particulièrement alarmants, avec au moins 8 500 exilés décédés ou portés disparus dans le monde en 2023, soit une augmentation tragique de 20% par rapport à l’année précédente. Les noyades constituent la principale cause de décès, suivies des accidents de voiture et des actes de violence, selon les données de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

 

Les ONG alertent également sur l’ampleur de la tragédie, avec des chiffres encore plus alarmants. Selon l’ONG « Caminando Fronteras », 6 618 exilés sont morts ou ont disparu en tentant de rejoindre l’Espagne en 2023, soit une augmentation de 177% par rapport à l’année précédente. Ces drames soulignent l’urgence de la situation et la nécessité d’actions concertées pour protéger les vies humaines en danger.

 

Les facteurs à l’origine de ces tragédies sont multiples, mais le manque de « voies migratoires sûres et légales » est souvent pointé du doigt. Les migrants se retrouvent contraints d’emprunter des routes dangereuses, dans le désert ou en mer, faute d’alternatives légales accessibles. La traversée de la Méditerranée demeure la plus meurtrière, avec au moins 3 129 décès et disparitions enregistrés l’an dernier.

 

Dans un monde où les frontières semblent à la fois si perméables et infranchissables, l’immigration clandestine des Marocains vers l’Espagne et l’Europe est devenue un sujet de préoccupation majeure, non seulement pour les gouvernements impliqués, mais aussi pour l’opinion publique internationale. Cet exode, souvent entrepris dans des conditions périlleuses, soulève une myriade de questions sur la sécurité, les droits de l’homme, l’intégration sociale et la politique migratoire.

 

À travers les eaux bouillonnantes du détroit de Gibraltar et celles encore plus tumultueuses, océanes des régions du sud marocain, des hommes, des femmes et des enfants marocains cherchent un avenir meilleur, mais à quel prix ? L’Espagne se dresse comme la porte d’entrée privilégiée pour de nombreux Marocains désireux de rejoindre l’Europe. Sa proximité géographique, ses liens historiques et culturels avec le Maroc font de l’Espagne non seulement une destination, mais aussi un tremplin vers d’autres pays européens.

 

Cependant, cette migration n’est pas sans défis. Les traversées en mer, effectuées dans des embarcations de fortune, souvent surchargées, sont devenues le symbole tragique de cette quête désespérée pour une vie meilleure. Les images de ces bateaux, échoués sur les côtes espagnoles, révèlent l’ampleur et la complexité de la crise migratoire. Les racines de l’immigration clandestine sont profondes et multifactorielles.

 

La jeunesse marocaine, incertaine sur son avenir, regarde, “ô chimère“, vers l’Europe avec l’espoir d’une vie meilleure, d’une éducation de qualité et de perspectives d’emploi plus réjouissantes. Cette aspiration, aussi légitime soit-elle, se heurte cependant à la dure réalité des politiques migratoires européennes de plus en plus restrictives.

 

Le débat sur l’immigration clandestine est souvent polarisé, oscillant entre compassion et pragmatisme. D’un côté, il y a un appel à l’ouverture et à la solidarité, rappelant que de nombreux pays européens ont été construits sur des vagues d’immigration successives. De l’autre, les craintes sécuritaires, économiques et culturelles alimentent un discours de fermeture. Entre ces deux pôles, les migrants, souvent réduits à de simples statistiques ou à des « flux », luttent quotidiennement pour leur dignité et leur survie.

 

Sourcehttps://fr.hespress.com/359745-maroc-la-perilleuse-immigration-clandestine-vers-lespagne-et-leurope.html

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Tags : Migrations internationales