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Alors que la ville de Casablanca vit au rythme de pluies torrentielles cette semaine, les migrants sans-abris ont vu leurs camps rasés. Pour l’heure, ils restent en situation de rue, sans alternative de prise en charge.
Chaque soir dans le cadre de ses initiatives de lutte contre le froid, l’association Bank de solidarité au Maroc distribue, depuis le mois dernier, des centaines de repas chauds et de couvertures aux sans-abris, dont des migrants. Mais cette semaine au détour de l’une de ces actions de distribution à Casablanca, le président de l’ONG a été surpris de découvrir que les abris de fortune où il se rend régulièrement ont été rasés par les autorités locales. Les sans-abris sont restés dispersés, sans vêtements chauds ni couchage. Nombre parmi eux n’ont pu récupérer leurs affaires personnelles avant l’intervention des bulldozers.
Président de Bank de solidarité au Maroc, Beyeth Gueck a décidé de lancer l’alerte. «C’est en allant sur place, près du rond-point Aïcha au quartier Belvédère, que j’ai appris qu’ils ont été délogés», nous confie-t-il, encore sous le choc. Loin d’être un cas isolé, le délogement se serait fait dans le cadre d’une opération coordonnée, selon le militant, qui affirme que d’autres baraques d’Oulad Ziane, près du Marché central ou encore à Errahma ont connu le même sort.
«Juste en face de chez-moi sur un terrain où une partie était occupée par ces personnes, des migrants mais aussi des Marocains dont des femmes en situation de rue, tout a été rasé. J’ai appris que ce serait pour un projet immobilier.» Beyeth Gueck
Une situation éminemment urgente en temps d’intempéries
«Nous tenons une réunion d’urgence en visioconférence, vendredi, avec les associations de défense des droits humains et nous convions les journalistes à y assister, car il est important de faire parler de cette situation. Ces personnes n’ont plus aucun hébergement en pleine période de froid, où il pleut quotidiennement et où des quartiers de la ville sont même inondés», fustige Beyeth Gueck.
Ce dernier déplore que depuis le début de la semaine, où ces destructions ont été observées, «les autorités locales n’ont jamais donné d’explications sur leur démarche». Il s’inquiète également de ne pas voir d’alternatives appuyées par les pouvoir locaux, afin d’assurer un hébergement temporaire pour les personnes délogées.
«Je suis sur le terrain depuis un mois. Nous avons mené des opérations de distribution de repas chauds, de couvertures et de sac de couchage. Nous ne remarquons aucune action de la part des décideurs locaux auprès de ces gens, alors qu’il pleut continuellement ces derniers jours.» Beyeth Gueck
L’acteur associatif souligne qu’avec la volonté des pouvoirs locaux, nombre d’espaces, d’hébergements d’étudiants fermés, de clubs de jeunesse et de loisirs non fréquentés en hiver, mais suffisamment équipés et spacieux, auraient pu servir à loger ces personnes en période de grand froid doublé de pandémie du nouveau coronavirus.
Beyeth Gueck exprime sa colère, insistant qu’«il s’agit désormais d’une question de dignité humaine» plus que d’accès à des droits. «Je suis très gêné de me retrouver à faire des distributions alimentaires auprès de personnes qui n’ont pas où se mettre à l’abri pour dormir», se désole-t-il.