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Les dirigeants de l’Union européenne et de l’Otan reçoivent lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan pour « relancer » un dialogue mis à mal par la situation à la frontière gréco-turque, où se sont regroupés des milliers de migrants qui tentent de rejoindre l’Union.
Berlin de son côté a annoncé qu’un groupe de pays volontaires était prêt à accueillir 1.500 mineurs actuellement réfugiés en Grèce.
« Nous allons relancer le dialogue. Les événements à la frontière sont inacceptables et ne doivent pas se répéter. Pour cela, nous devons entendre toutes les parties », a déclaré lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
La réunion avec Mme von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel est prévue à partir de 18H00 (17H00 GMT).
Les deux dirigeants européens s’étaient rendus la semaine passée à la frontière, côté grec.
– Pas de décision attendue –
Pour le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, l’important est que « les migrants qui sont en Turquie ne croient pas que la frontière avec l’Europe est ouverte et n’essaient pas d’entrer en exerçant une pression de masse ».
Le dirigeant turc doit également rencontrer le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
Aucune décision n’est cependant attendue. Le dialogue « ne sera pas bouclé ce soir, d’autres discussions devront certainement suivre au cours des prochains jours et des prochaines semaines », a estimé Mme von der Leyen.
Interrogée sur la possibilité d’aides additionnelles, elle a assuré qu' »aucun chiffre » n’était discuté.
A l’agenda de la discussion lundi: l’accord de 2016 sur la migration et la situation en Syrie, mais aussi les questions de libéralisation des visas et d’union douanière.
Des dizaines de milliers de migrants tentent de passer la frontière entre la Turquie et la Grèce depuis que le président turc a annoncé le 28 février qu’il cessait de respecter un accord de mars 2016 avec l’UE. Cet accord prévoyait que les migrants restent en Turquie, en échange d’une aide financière européenne à Ankara.
Mais Ankara estime l’aide obtenue insuffisante pour la prise en charge de quatre millions de migrants et de réfugiés, principalement Syriens, qu’elle accueille depuis des années.
Sur 6 milliards d’euros d’aide prévue, 4,7 milliards ont été engagés dont 3,2 milliards ont déjà été décaissés, selon la Commission européenne.
M. Erdogan a aussi appelé dimanche la Grèce à « ouvrir ses portes » aux migrants pour les « laisser aller dans d’autres pays européens ».
Fahrettin Altun, directeur de communication du président turc, a réitéré lundi sur Twitter des allégations selon lesquelles la Grèce a fait un usage de la force « excessif et mortel » à la frontière, démenties par Athènes.
« Il est temps de prendre des mesures significatives ensemble », a-t-il conclu.
– « Soutenir la Grèce » –
Après la crise de 2015-2016 pour laquelle l’UE avait mis en place des solutions temporaires de relocalisation des migrants, la réforme des règles sur l’asile en Europe a calé. Mme von der Leyen a indiqué lundi que la Commission allait publier une nouvelle proposition « juste après Pâques ».
Depuis Berlin, le gouvernement allemand a annoncé qu’une coalition de pays « volontaires » de l’UE envisage de prendre en charge jusqu’à 1.500 enfants migrants bloqués sur les îles grecques « afin de soutenir la Grèce face à la situation humanitaire difficile » de ces enfants.
Outre l’Allemagne, la France, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande ont signalé leur volonté de participer.
« La Turquie porte très clairement la responsabilité d’avoir envoyé ces gens désespérés dans une impasse », a déclaré lundi le porte-parole d’Angela Merkel à propos des migrants rassemblés à la frontière turco-grecque.
A Bruxelles, la Turquie souhaite aussi obtenir le soutien de l’UE à ses opérations militaires dans le nord de la Syrie. L’offensive du régime syrien, appuyée par Moscou, contre la province d’Idleb (nord-ouest), dernier bastion rebelle en Syrie, a provoqué une catastrophe humanitaire, avec près d’un million de personnes déplacées. Ankara redoute qu’elles affluent vers son territoire.
Plus de 1.700 d’entre eux sont arrivés sur les îles grecques, venant s’ajouter aux 38.000 déjà présents qui surpeuplent les camps de réfugiés.