Si Frontex se réjouit, a priori, de cet exploit, à savoir une baisse drastique des arrivées de migrants, la situation reste alarmante. La pression migratoire n’a pas baissé mais s’est réorientée vers une nouvelle route. Au moment où le passage du détroit de Gibraltar enregistre une chute remarquable, celui de l’Atlantique acheminant les migrants vers les îles Canaries a le vent en poupe auprès des passeurs. Ceux-ci ont toujours eu une longueur d’avance sur les autorités et savent s’adapter aux aléas du temps. C’est la triste réalité du phénomène migratoire car en accentuant la vigilance sur l’axe du détroit, les mafias ont fini par chercher une autre alternative. Selon les données, les arrivées via la voie canarienne ont grimpé jusqu’à 90%. De plus, l’on estime qu’environ 2.500 candidats ont atteint les côtes insulaires durant l’exercice précédent. Un phénomène inquiétant d’autant plus qu’il s’agit de la route la plus meurtrière au vu des forts courants maritimes sur ce passage et de la grande distance qui sépare le point de départ de celui d’arrivée. Les autorités espagnoles craignent que l’archipel ne soit la nouvelle porte d’entrée vers l’Europe, à défaut de pouvoir le faire via les côtes andalouses. L’on parle même d’une nouvelle crise à l’image de celle vécue en 2006 sur les îles canaries, année où l’archipel a connu une déferlante migratoire sans précédent qui s’est soldée par l’accueil de plus de 31.000 migrants irréguliers.