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Plus de 2 500 migrants sont morts ou ont été portés disparus, depuis le début de l’année, en tentant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Une réalité à laquelle reste sourde l’Union européenne, dont les dirigeants réunis à Malte, le 29 septembre, finalisent un pacte migratoire plus répressif à l’égard des exilés.
La succession de naufrages et leur décompte macabre le faisaient redouter. Le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) pose un chiffre sur l’amplification de ce fléau, qui dans les esprits s’est banalisé : 2 500 exilés sont morts ou ont été portés disparus, depuis le début de l’année 2023, en tentant de traverser la mer Méditerranée vers l’Europe, soit 50 % de victimes en plus par rapport à l’année dernière (1 680 personnes en 2022 à la même période).
« Des vies sont également perdues sur terre, loin de l’attention du public », a précisé Ruven Menikdiwela, directrice du bureau du HCR à New York, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise des migrants en Méditerranée.
Les migrants risquent « la mort et des violations graves des droits humains »
Cette dernière a mis en avant les dangers encourus à chaque étape de leur périple par ces exilés, qui viennent notamment d’Afrique de l’Ouest ou de la Corne de l’Afrique pour rejoindre la Libye – « le voyage le plus dangereux du monde », selon le HCR — risquant « la mort et des violations graves des droits humains ». Des dangers qui ne découragent pourtant pas les candidats à l’exil, souvent contraints de fuir un horizon sans espoir et des conditions de vie insupportables liées à la faim et à la multiplication des guerres au sein de leur pays.
Entre le 1er janvier et le 24 septembre 2023, 186 000 migrants seraient ainsi arrivés dans le sud de l’Europe (Italie, Grèce, Chypre et Malte), dont 130 000 en Italie, « soit une augmentation de 83 % par rapport à la même période de 2022 ».
Des chiffres qui prennent une acuité particulière à la lumière des tractations en cours au sein de l’Union européenne, destinées à définir une politique commune, après l’arrivée record d’exilés sur l’île italienne de Lampedusa.
Une réforme migratoire plus répressive
Les dirigeants des neuf pays méditerranéens de l’UE se retrouvent, vendredi 29 septembre à Malte, pour tenter de trouver un terrain d’entente sur cette réforme migratoire. Une rencontre avait eu lieu la veille à Bruxelles entre les ministres de l’Intérieur pour débloquer le dernier volet de ce pacte sur lequel l’Allemagne avait exprimé au départ des divergences, avant de se rétracter.
Alors que le HCR multiplie les appels à coordonner les efforts entre États de l’UE pour répondre collectivement aux besoins de ces personnes, les premiers échanges sur cette réforme révèlent que l’UE continue d’aborder la question migratoire sous le seul volet répressif. Elle prévoit notamment une intensification des contrôles européens en mer, mais aussi un régime dérogatoire moins favorable aux demandeurs d’asile que les procédures habituelles et prolongerait par ailleurs la durée possible de détention d’un migrant aux frontières extérieures de l’UE.
Des dispositions portées de concert par Emmanuel Macron et la Première ministre italienne Giorgia Meloni, à la tête d’une formation postfasciste. Les deux chefs d’État ont affiché au cours des négociations récentes une cohésion qui laisse perplexes les observateurs : « Il y a une vision partagée de la gestion de la question migratoire entre la France et l’Italie », a-t-on ainsi estimé à Paris.
Credit: Nicolas Lambert