Appelez nous : +212 (0)537-770-332
Le phénomène migratoire a suscité un débat houleux lors d’un panel dédié organisé, le 19 avril, en marge du Salon maghrébin du livre d’Oujda. Ce débat a notamment permis d’analyser ce phénomène humain sous de nouveaux angles, faisant fi des idées reçues et des préjugés.
Pour Driss El Yazami, président de la Communauté marocaine à l’étranger, la question migratoire qui concerne près de 4% de la population mondiale est à la fois surpolitisée et surmédiatisée dans le mauvais sens. El Yazami indique notamment que de récentes études démontrent que la migration est une ressource qui « ramène du positif à toutes les sociétés ».
Il ajoute qu’un bon nombre de pays occidentaux se livrent une compétition acharnée afin de capter des ressources humaines africaines et d’attirer des compétences pas seulement hautement qualifiées mais également dans le domaine de la santé (aides-soignantes, infirmières, …) et de l’agriculture. Le juriste rappelle que d’un point de vue historique, « on ne peut pas arrêter la circulation des hommes et des femmes par des barrières empêchant l’envie des êtres humains de se connaitre et de découvrir d’autres horizons ».
Il préconise l’adoption par les pays d’une approche humaniste à l’image de la politique appliquée par le Roi Mohammed VI qui fait du Royaume une terre d’accueil ouverte et tolérante envers toutes les populations du monde.
Partageant la même conception de Driss El Yazami, le chercheur et Maitre de conférences en sociologie à l’université d’Aix-Marseille, Mustapha El Miri constate que « plus les pays africains se développent plus les jeunes africains bougent contrairement à l’idée qui s’avance en Europe selon laquelle ces gens immigrent parce que l’Afrique est dans le chaos ». Il souligne qu’en réalité, « les africains sont comme les européens : plus ils ont accès à une vie décente et à une bonne éducation, plus, ils ont envie de découvrir le monde ».
Il indique notamment que le continent africain ne représente que 14% de l’immigration internationale alors que les européens représentent 24%. Le sociologue franco-marocain affirme que la question migratoire traduit un problème d’ordre identitaire en Europe du Nord. « Les africains quittent leurs pays parce que justement leur identité s’affirme de plus en plus, ce qui leur permet de se projeter dans divers univers », révèle El Miri.
Pour sa part, la socio-anthropologue française, Sophie Bava admet que la migration « permet d’oxygéner les sociétés en transformant certaines certitudes ainsi que d’aérer des modèles fermés ». L’auteure de « Dieu, les migrants et l’Afrique », indique que d’un point de vue culturel et religieux, la migration permet de découvrir d’autres manières de vivre et de penser.