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La migration, phénomène naturel, au service du développement économique, n’est devenue qu’une cause de vives tensions et de querelles entre les Etats et les populations, depuis maintenant plusieurs années. Et pour cause, la crise des réfugiés, en 2015, avait levé le voile sur de profondes fractures et incohérences au niveau des politiques publiques, que ce soit au sein de l’Union européenne, ou entre les deux rives de la Méditerranée.
Désormais, les Etats vont devoir faire face à un nouveau défi majeur, celui des migrants climatiques. Car si l’on avait oublié l’espace de quelques mois cette problématique, préoccupés par les contestations sociales, économiques et politiques, la question n’est pas pour autant réglée, bien au contraire. Le continent africain est en proie à une menace majeure, qui laisse planer le spectre d’une grave catastrophe humanitaire à venir.
Entre égoïsme et fausses idées
Selon l’ONU, il faut tout d’abord savoir distinguer migrants internes et migrants internationaux. Ces derniers sont nés dans un pays et vivent dans un autre pour une durée égale ou supérieure à 1 an. A l’échelle mondiale, on comptait 270 millions de migrants internationaux fin 2019. Il existe également les migrants forcés par une crise politique ou environnementale. Enfin, sur 70 millions de migrants, seuls 26 millions ont le statut de réfugiés.
L’égoïsme flagrant des politiques, livrés à des guerres qui pourtant ne les concernent pas trop, et impliqués dans l’augmentation de gaz à effets de serre, sont quelque part, responsables de ces flux migratoires que connaissent les Africains. Mais cela importe peu, le plus important, c’est que, pour eux, « la jeune Afrique est en route vers le vieux continent ». En effet, selon Stephen Smith, auteur de « La Ruée vers l’Europe », « l’Europe va s’africaniser jusqu’en 2050, c’est inévitable. ». Primé « livre géopolitique de l’année » félicité par Macron et mis en avant par les médias, il a toutefois oublié de préciser que la migration intra-africaine est en réalité bien plus conséquente que la migration Sud-Nord.
En effet, les populations d’Afrique, lorsqu’elles sont riches, se dirigent, de plus en plus, vers des destinations comme la Chine. Mais en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne, plus de 80% des migrations sont internes. Les déplacés environnementaux qui proviennent de pays pauvres ne migrent pas bien loin mais plutôt vers le voisinage proche. L’Europe, elle, compte davantage de migrants venus d’Europe, de pays non membres de l’Union européenne comme l’Albanie ou le Kosovo.
Le Maroc, à l’avant-garde du dossier migratoire africain
L’Afrique se réveille enfin, et comprend qu’elle seule doit pouvoir résoudre ses problèmes. Sur la question migratoire, le Maroc s’est vu confier le dossier, et prend donc la situation à bras-le-corps. Lors du 33e Sommet de l’Union africaine qui s’est tenu le lundi 10 février 2020, le chef de gouvernement, Saad Dine El Otmani, a présenté le rapport de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Un rapport qui souligne que les défis climatiques vont être la cause de mouvements majeurs à venir et que le continent africain sera le premier touché par ces dérèglements. « Les inondations, la sécheresse et autres effets du changement climatique chassent des millions d’Africaines et d’Africains de chez eux». Il rappelle également que la migration africaine est intracontinentale. Moins de 3% de la population africaine a émigré à l’international. « Les trajectoires africaines ne sont pas Sud-Nord, mais Sud-Sud. Depuis 2005, la migration Sud-Sud a augmenté plus rapidement que la migration Sud-Nord ». Enfin, il a été annoncé la mise en place d’un Observatoire africain des migrations en tant que nouveau mécanisme de l’Union africaine, à Rabat. Celui-ci devra contribuer à l’élaboration de données fiables et précises sur la migration.